La casuistique dans tous ses états. De Martin Azpilcueta à Alphonse de Liguori, préf. J. Delumeau

P. Hurtubise
Morale et droit - Recenseur : Paul Detienne s.j.
L'A., professeur d'histoire religieuse à l'université d'Ottawa, a identifié quelque 1300 ouvrages de casuistique publiés à Lyon, Venise, Rome, Madrid, Paris… entre 1550 et 1800, le XVIIe siècle se présentant comme spécialement prolifique. Leurs auteurs (principalement jésuites, mais aussi dominicains, franciscains, bénédictins, carmes… cinq cardinaux et une cinquantaine d'évêques) sont des théologiens, des canonistes, des philosophes, des juristes, surtout en Espagne et en Italie. Leurs écrits, tant généraux (traités de morale, recueils de 'cas') que spécialisés (le jeûne, le duel, le théâtre…) sont rédigés soit en latin, soit en français, italien et surtout espagnol. Parmi les sujets traités occupent une place de choix la conscience douteuse, la restitution, la parvitas materiae dans le domaine de la chasteté. L'A. épingle quatre probabilistes, nés au XVIe siècle, comme représentants de la première période de la casuistique: Azor sj, plutôt académique; Tolet, plutôt pastoral; Busembaum sj, dont le public englobe tant les universitaires que les confesseurs; enfin, Diana, théatin, cible privilégiée de Pascal, dont les 6600 cas qu'il propose font appel à 300 auteurs contemporains.
La deuxième période, celle du XVIIe siècle, est celle du probabiliorisme: modéré, chez Jean Pontas; pur et dur, tant chez François Genet aux tendances jansénisantes que chez Paul-Gabriel Antoine sj. La troisième période est représentée par Alphonse de Liguori qui, après le triomphe du rigorisme, trouve, au XVIIIe siècle, un nouvel équilibre dans l'équiprobablilisme. L'A. termine en exposant le schéma tripartite de la méthode adoptée par les casuistes: a) une majeure normative: référence aux témoins de la loi… que les probabilioristes choisissent plutôt dans l'Écriture et la patristique, tandis que les probabilistes citent de préférence les autorités modernes, plus enclines à la bénignité; b) une mineure narrative: circonstances aggravantes, atténuantes, disculpantes de l'acte qu'on considère; c) une argumentation concluant en verdict. L'ouvrage est enrichi d'une bibliographie, d'un index et d'une préface de Jean Delumeau. - P. Detienne sj

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