L'A., moine bénédictin, réédite ici une vingtaine de méditations
tirées de ses oeuvres, toutes centrées sur la kénose du Christ et
le sacrifice de la croix, «sans lequel je ne serais que gibier de
potence». Accompagnant le Christ de la Cène au Calvaire, l'A.
présente des considérations fortes: il est mort à notre place; nous
avons tous contribué à la mise à mort du Fils de Dieu, c'est une
erreur de croire que les déportés dans les camps hitlériens ou dans
les goulags ont souffert plus que Jésus… Du dolorisme? Il s'en
défend, et il nous invite à ne voir aucun masochisme dans des
phrases telles que «Toutes les fois que je pense à la crucifixion
du Christ, je commets le péché d'envie» (Simone Weil, citée à
plusieurs reprises). Les textes que l'A. propose seront,
suggère-t-il, une aide tant pour l'oraison personnelle que pour la
réflexion dans les cercles bibliques et les groupes de prière. Il
termine son anthologie en ouvrant, à leur intention, une trentaine
de 'pistes' sous forme de questions, dont ces deux-ci, à ses yeux,
capitales: «Admettez-vous que la croix du monde est la croix du
Christ?… Croyez-vous que la croix creuse la capacité de gloire?» Le
style et l'approche de l'A. toucheront un public plutôt
traditionnel. - P.-G.D.