Face aux objections tant traditionnelles que spécifiquement
contemporaines concernant la souveraineté de Dieu et l'autonomie de
l'homme, l'A., exégète et pasteur, commence par poser la question
de la légitimité de la prière de demande dont l'Écriture fait un
commandement. Est-elle nécessaire et profitable? Ne convient-il pas
de la remplacer par la louange ? L'A. éclaire son propos par une
étude paulinienne de la prière tô pneumati (ou en pneumati), une
expression qu'il traduit: prière par l'Esprit. Les textes sont
rares: Éph 6,18; Jude 20; 1 Co 14,15; Rm 8,26-27. Après en avoir
spécifié les différents contextes, l'A. concentre son attention sur
le passage le plus explicite (Rm 8,26-28), dont il analyse les
interprétations proposées par une vingtaine d'auteurs: l'Esprit
enseignant (Calvin), l'Esprit intercesseur céleste, l'Esprit
interprète, voire traducteur. Il s'attarde spécialement aux
interprétations glossolaliques (de E. Käsemann, d'O. Cullmann, des
pentecôtistes J.-Cl. Boutinon et G.-D. Fee) et à la signification
de l'adjectif alalêtoi: indicibles ou inexprimés? Il présente alors
une exégèse détaillée du texte en question, avec une note précieuse
sur le diligentibus Deum (panta nominatif ou accusatif? sunergei
transitif ou intransitif?). Il lui reste à indiquer la spécificité
de Rm 8,26-28 dans l'ensemble paulinien. Alors que, partout
ailleurs, Paul nous propose l'Esprit comme l'inspirateur des
prières des fidèles, il pose ici un rapport inhabituel entre nos
prières et l'action de l'Esprit. Pour certains commentateurs, il
s'agit d'une activité autonome qu'ils confondent parfois avec
l'intercession céleste du Christ; pour d'autres, c'est une action
sur la prière du croyant, qui la purifie des scories et la rend
présentable devant Dieu, ou au moins qui l'interprète. Présentation
limpide. Style agréable. Pour tous. - P. Detienne sj