Le Nouveau Testament autour de Port-Royal. Traductions, commentaires et études (1697 - fin du XVIIIe siècle)

Bernard Chedozeau
Histoire - Recenseur : Paul Detienne s.j.
Après nous avoir présenté ailleurs deux traductions catholiques françaises du NT (celle de Port-Royal, dite «de Mons», publiée en 1667 par Sacy, et celle de l'oratorien Amelotte qui lui est contemporaine), l'A. analyse ici une dizaine d'autres traductions, et autant de commentaires. Retenons les deux premières. Le NT dit «des jésuites» (1697, 1703) manifeste un littéralisme strict, écho du traditionalisme exacerbé du p. Hardouin, pour qui la Vulgate a été déclarée «authentique» par le Concile de Trente parce qu'elle a été écrite et dictée en latin à ses disciples par le Christ lui-même! Pour lui, l'Écriture n'est qu'un élément de la Tradition… une Tradition qui est elle-même assimilée aux principes du Concile de Trente, et qui «se possède dans l'ignorance». Il reproche à Port-Royal et aux jansénistes de faire de la lecture de la Bible une obligation morale pour tous les fidèles, hommes et femmes, alors que le Concile ne l'autorise qu'au laïc capax qui en a reçu la permission du clerc. Il accuse ces athei detecti d'avoir remplacé la foi par l'intelligence, d'avoir fait du Dieu-Personne un Dieu-Idée, et de réduire la religion à la morale. Il fustige, chez eux, le primat de l'objet d'étude sur le sujet priant. Niant la valeur de la tradition écrite, il prétend que les écrits d'Augustin et d'autres auteurs ecclésiastiques ont été falsifiés au XIIIe s. Dans son NT dit «de Trévoux» (1702), l'oratorien Richard Simon garde la Vulgate comme texte de base, tout en donnant en marge les variantes du texte grec et en traduisant à partir de l'hébreu les citations de l'AT. Bossuet lui reproche ses «minuties grammaticales», qui effacent la pertinence des lectures spirituelles d'un texte sacré considéré désormais comme un simple texte profane et qui dénient, au nom de perspectives philologiques, toute valeur aux lectures tirées des Pères et des auteurs ecclésiastiques. Adversaire de toute «mystiquerie», R. Simon ne remplace-t-il pas la lecture spirituelle (ruminatio) par une lecture érudite? Une 2e partie de l'ouvrage comporte une douzaine de monographies particulièrement intéressantes: Port Royal, le jansénisme et le Concile de Trente; Voltaire et Dom Calmet, ou les malheurs du sens littéral; les traductions de la Bible, le jansénisme et la révolution; la lecture de la Bible: lecture de croyance et/ou lecture de savoir… À lire. - P. Detienne sj

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