Les Éditions dominicaines du Cerf (1918-1965)

Étienne Fouilloux
Histoire - Recenseur : Bernard Joassart s.j.
« Bible de Jérusalem », « Sources chrétiennes », « Cogitatio fidei », « Unam Sanctam », « Lex Orandi », « La Vie spirituelle », « La Vie intellectuelle », « Sept », « La Maison Dieu », « Fêtes et Saisons »… la liste pourrait s'allonger presque à l'infini. Qui ne connaît ces publications phares associées d'une manière ou d'une autre à la « Tour Maubourg », abritant, jusqu'il y a peu, l'une des plus importantes entreprises éditoriales chrétiennes francophones ? Moins connus sans doute, les principaux maîtres d'oeuvre que furent les dominicains Marie-Vincent Bernardot et surtout Pierre Boisselot, personnage aux contours pour le moins contrastés et souvent saisissants, ou d'autres qui y jouèrent un rôle important, tel Augustin-Jean Maydieu.
Entreprise prestigieuse, le Cerf n'en connut pas moins une histoire mouvementée à laquelle nous convie É.F. Histoire mouvementée, car fortement liée à l'Ordre des frères prêcheurs dont les autorités entendirent bien garder la maîtrise, parfois de manière rude, tout en étant une entreprise où les laïcs étaient partie prenante, et pas seulement comme figurants, mais bien en tant que responsables, y compris dans le financement. Histoire mouvementée, car précisément, les intervenants, en particulier dans le monde dominicain, ne marchaient pas tous du même pas. Il suffit d'évoquer quelques grands noms qui furent mêlés de près à la vie du Cerf pour le comprendre : un Garrigou-Lagrange et un Maritain n'étaient pas nécessairement sur la même longueur d'ondes qu'un Chenu ou un Congar. Histoire mouvementée, qui valut plus d'une fois des volées de bois vert de la part de l'Ordre qui n'appréciait pas le côté « aile marchante », « progressiste » dirait-on de nos jours, de certaines prises de position. Histoire mouvementée, car, dès sa naissance, le Cerf fut mêlé de près à toutes les grandes questions du catholicisme contemporain : Action française, « nouvelle théologie », guerre d'Espagne, guerre d'Algérie, guerre froide, préparation de Vatican ii. Histoire mouvementée, mais aussi histoire vraiment constructive de la vie du catholicisme. Trois publications, la « BJ », les « Sources chrétiennes », « La Maison Dieu » furent comme des piliers de la redécouverte de la Bible et des Pères et du renouveau liturgique, sans oublier l'entrée dans une ecclésiologie plus spirituelle grâce à « Unam Sanctam ».
Cette histoire, É.F. nous la conte (dans le bon sens du terme s'entend), avec l'art qu'on lui connaît depuis le début de ses travaux en histoire religieuse. Car, même si l'ouvrage est centré sur l'histoire proprement dite de la maison d'édition, l'A.ne cesse précisément jamais de la croiser avec l'histoire générale du catholicisme contemporain.
L'A. me permettra certainement d'exprimer un (tout) petit regret : l'absence d'un tableau chronologique des différentes publications, j'entends les revues, les collections et peut-être l'un ou l'autre titre : un tel instrument aurait sans doute permis de ressaisir toute la richesse de ce que les dominicains et leurs amis ont pu donner. - B. Joassart s.j.

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