Après avoir rappelé la signification de la vertu théologale
d'espérance et sa dimension eschatologique, l'A. évoque les espoirs
d'une libération multiforme que le monde contemporain nous propose:
sexuelle, économique, politique, sociale, culturelle. Pareils
espoirs peuvent coexister avec l'espérance chrétienne, sans
exclusive ni surnaturaliste, ni humaniste athée. Le rejet de cette
double exclusive est fondé sur la double nature du Christ. Les
libérations humaines ne sont pas des buts ultimes mais des
expressions nécessaires de notre condition d'hommes libérés par
Dieu et promis à la résurrection. Ceci posé, l'A. propose «cent
raisons de se désespérer et mille d'espérer». Au dossier «négatif»
notons: précarité de l'amour humain et de la famille, hiver
démographique, derniers relents de scientisme, mythe du hasard et
de la nécessité, désespoir existentiel (fuite de la vraie réalité:
alcool, drogues, suicide, anorexie), attentats contre la vie
(avortement, euthanasie), destruction de la planète, économie
inhumaine et enlisement de la politique, naturalisme impersonnel et
gnose pseudomystique du Nouvel Age. Face à pareils motifs de
désespérance l'A. relève de multiples signes d'une redécouverte
d'une vie intérieure habitée par Quelqu'un. Parmi ceux-ci:
l'exemple émouvant des musulmans en prière. En conclusion,
s'inspirant du Court récit sur l'Antéchrist (1900) dans lequel
Vladimir Soloviev développe l'espérance eschatologique de la foi
chrétienne, l'A. consacre les cent dernières pages de son ouvrage à
un conte philosophique, éclairé par un «guide de lecture», dans
lequel apparaissent le Prince de ce monde et le Cavalier blanc de
l'Apocalypse. - P. Detienne sj