Il y a un sens général de l'âme capable de percevoir le divin. La
modulation de cette réceptivité est comparable analogiquement à
l'activité spécifique de nos cinq sens : les sens médiats
(vue, ouïe, odorat), qui attisent le désir de l'objet convoité, et
les sens immédiats (goûter, toucher) qui sont plus unitifs. C'est
en entrant en relation avec Dieu au moyen de ces sens spirituels
(qui correspondent aux activités des vertus théologales) que l'âme
parvient à Le connaître. « Dieu éduque l'ouïe avant de réjouir
le regard » (St Bernard) : l'appel réclame une écoute
silencieuse, confiante et obéissante, sourde à toute pensée, même
spirituelle. L'oeil de la foi rend Dieu présent à l'âme, qui en
devient théodidacte. L'A. évoque une lumière thaborique, un oeil
chérubinique. L'odorat est le sens le plus dépouillé et le plus
dépouillant : alors que la vision est mémorisable par
desimages, le souvenir d'un parfum est non-reproductible. Goûter
Dieu, c'est n'avoir goût à rien, ni aux choses sensibles ni aux
choses spirituelles. Le toucher est le sens le plus parfait, car
ici non seulement notre langue mais tout notre être entre en
contact. L'A. consacre un dernier chap. au baiser : une
affectueuse conjonction des corps, qui exprime l'amour. L'ouvrage
abonde en citations de Pères grecs et de saints carmélitains, l'A.
se référant fréquemment aux commentaires du Cantique :
Origène, Grégoire de Nysse, Guillaume de Saint Thierry, Bernard.
- P. Detienne s.j.