Cet horologion du neuvième siècle est considéré comme «le témoin le
plus développé et le plus ancien concernant la liturgie des heures
dans l'Église grecque». Le manuscrit, qu'on date de l'an mil,
comporte cinq livrets, reliés sans ordre, copiés par sept copistes,
pas nécessairement contemporains, qui résidaient pour la plupart au
monastère de la Théotokos (qui ne recevra qu'au quinzième siècle le
patronage de Sainte Catherine). Le texte, dont la lecture est
rendue difficile en raison des nombreuses abréviations et des
innombrables fautes dues à la négligence et à l'ignorance des
copistes (dont certains étaient peut-être arabophones) peut être
reconstitué, nous apprend J. Paramelle sj, en tenant compte de la
versification syllabique et accentuelle (rythmique… et non pas
métrique, comme elle l'est en littérature classique). Le manuscrit,
dont les heures majeures (matines-laudes, vêpres) sont absentes,
comprend Sexte et None, qui étrangement ne comportent pas d'hymnes,
et un mesonyktikon, un office qui dure toute la nuit. En
complément: des canons, des stichères (tropaires), des makarismoi
dédiés à la Théotokos, au Précurseur, à la Croix, à la
Résurrection. Les textes semblent destinés tantôt au moine ermite,
tantôt au moine cénobite. Ils sont clairement chalcédoniens: une
essence unique, trois hypostases… ni Arius, ni Eutychès. Marie est
invoquée sous plus de cent titres (dont mesitis, médiatrice); une
exagération pieuse lui attribue parfois l'oeuvre du Christ dans le
plan du salut. Les prières sont souvent adressées pêle-mêle à Dieu,
à la Trinité, au Christ, à Marie, suivant les exigences des
acrostiches alphabétiques. Les événements de la vie du Christ, et
non pas seulement sa naissance et sa mort, sont fréquemment figurés
comme advenant en mesonuktiô, à minuit. La grande érudition de la
traductrice, moniale basilienne, n'altère en rien la fluidité de la
traduction. L'ouvrage est enrichi de nombreux index: termes
liturgiques, références scripturaires, noms propres. Hapax. - P.
Detienne sj