Magistero in movimento. Il caso papa Francesco

Severino Dianich
Théologie - Recenseur : Alphonse Borras

Dans un petit livre, néanmoins particulièrement dense, l'éminent ecclésiologue italien s'emploie à observer le magistère pontifical du pape François pour en tirer un ensemble de réflexions d'abord sur le lien intime entre (formes de l')évangélisation et (formes du) magistère, articulant celui-ci dans le peuple croyant. Cette articulation a de toute évidence émergé à l'occasion des Synodes (extraordinaire ou ordinaire) sur la famille (2014 et 2015) et s'est cristallisée dans la volonté de promouvoir la synodalité (discours du 17 octobre 2015) à partir de la doctrine du sacerdoce commun et du sensus fidei fidelium.
Pour l'A., le magistère pontifical entend se réapproprier la « grande tradition synodale de l'Église » (p. 12). Son approche se veut celle de la théologie pratique à partir de la pratique magistérielle (du pape et des évêques) en vue d'une pratique ecclésiale communionnelle. La « structure théologique » du magistère du pape François est de type dialogal : l'expression (de l'expérience) de foi prend en compte l'ancrage culturel, la sensibilité personnelle et le témoignage à autrui. Elle est foncièrement déterminée par le primat de l'évangélisation (p. 23-26). Or, celle-ci est fonction du « choix missionnaire » (Evangelii gaudium 23). La richesse de l'Évangile conduit en effet à rechercher un langage qui en dégage la permanente nouveauté (cf. p. 27). À cet effet, le ministère pastoral ne peut se déployer sans l'opus evangelizationis qui est le fundamentale officium populi Dei (cf. CIC 781) selon le sensus fidei fidelium (LG 12 ; EG 119, et EG 120 qui récuse un schéma évangélisateur adressé à un peuple seulement réceptif), toujours dans la rencontre des croyants avec les « autres » - dans cette expérience communicationnelle, le dialogue atteste ainsi que la réalité est « supérieure à l'idée » (EG 231).
C'est sur cet arrière-fond que, dans la 2e partie de l'ouvrage (p. 35-66), l'A. s'interroge sur les pratiques magistérielles dans leur tension entre leur tâche doctrinale et leur fonction pastorale ; cette tension évite de « congeler » les énoncés du magistère dans une forme identique, sans s'obstiner à « définir » à tout prix, au risque d'un décalage du munus docendi avec l'expérience des fidèles (cf. p. 45-55). Le magistère d'homélie et d'évangélisation du pape François est celui d'une « Église à l'écoute » où chacune des parties apprend de l'autre (cf. discours du 17 oct. 2015) qui, sans négliger que le pasteur doit se placer « devant » le troupeau, le situe « au milieu et derrière son peuple ». L'A. en dégage les conséquences pour le magistère du pape et des évêques (p. 55-66). Dans le cheminement de foi, ce qui est premier c'est la fides qua, la confiance foncière en Dieu, qui entraîne ensuite la détermination d'un contenu dont l'élaboration doctrinale vient en troisième lieu. C'est en tout cas ce que le peuple de Dieu, pasteurs y compris, vit dans l'histoire, attentif aux signes des temps avec l'assistance de l'Esprit Saint.
Dans la 3e partie de l'ouvrage, l'A. récapitule sa réflexion sous le titre « magistère, ministère, synodalité » (p. 67-105). Sur fond de la synodalité faible - jusqu'à ce jour -, il rappelle les présupposés théologiques de la synodalité dans l'Église (p. 74-82), valorise la structure charismatique de l'Église (p. 82-90) pour en dégager le potentiel dans une dynamique synodale plurielle (p. 90-98). La « conclusion ouverte » de l'ouvrage (p. 98-105) offre au lecteur un vaste champ de réflexion sur le renouvellement de la vie ecclésiale. - A. Borras

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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