Ce sacramentaire mérovingien, dont nous ne possédons qu'un seul
manuscrit, le Vaticanus reginensis 317, a été rédigé vers l'an 700
(en une calligraphie qui était alors courante dans les scriptoria
de Bourgogne) probablement pour l'église d'Autun. Edité par
Bannister en 1917 et par Mahlberg en 1961, il vient d'être réédité
par Els Rose, qui lui a consacré sa thèse (Utrecht 2001). Il
contient 77 messes, dont 26 appartiennent au sanctoral: des saints
bibliques (v.g. Jacques et Jean dans l'octave de Noël); des martyrs
romains, qui ne sont célébrés dans aucun autre missel gallican
(Agnès, Cécile, Clément…); des saints gaulois (v.g. Martin de
Tours, Léodegar, évêque d'Autun…). Le 'proprium' de chaque messe
(la seule partie que nous propose le missel gothique) peut contenir
jusqu'à une douzaine d'éléments. Entre autres: la praefatio (le
thème); la collectio post nomina; la collectio post pacem;
l'immolatio ou la contestatio (un long texte, littéraire et
personnalisé, introduit par «vere dignum et justum est»); la
benedictio populi, typiquement gallicane, avant la communion. Dans
une longue introduction qui étudie la langue du missel gothique,
l'éditrice conclut que, en orthographe, en morphologie, en syntaxe
et en lexicologie/sémantique, le latin vulgaire y côtoie le latin
chrétien et le latin liturgique. L'opinion de Chr. Mohrmann, selon
laquelle la langue liturgique, «hautement stylisée», n'a rien à
voir avec le langage de tous les jours, n'est aucunement valable
pour la liturgie mérovingienne. Parmi les différents index notons
la liste des textes parallèles rencontrés dans seize autres
sacramentaires. Recommandé. -P. Detienne sj