Morale en désordre. Un plaidoyer pour l'homme
Paul ValadierMorale et droit - Recenseur : Paul Detienne s.j.
L'A. évoque le rempart que devraient constituer les comités d'éthique, dont certains avis récents (p. ex. concernant l'euthanasie) témoignent d'ambiguïtés inquiétantes. Le rythme, prodigieusement rapide, des avancées scientifiques réglera-t-il l'évolution des références éthiques (dignité de l'homme, justice, solidarité, sens de la vie et de la mort)? Il s'agit d'éviter deux positions extrêmes: celle de subordonner le droit aux droits des individus comme tels (sans référence au bien commun) et celle qui exige un droit conforme en tout à une loi morale, supposée claire et évidente.
L'A. étudie la position de Jacques Pohier qui, dans La Mort opportune, en appelle d'une légitimité méconnue (contestable) à une légalité injuste et inégalitaire. L'éthicité du droit (qui se réfère à des valeurs multiples, complexes, qui parfois se contredisent, et qui évoluent) n'est pas la morale. L'affaiblissement du sens moral aboutit à un renforcement du droit, comme si les lois allaient compenser l'absence de conscience morale. Le nouvel ordre libertaire use et abuse de la multiplication des lois (puisque la loi le permet, je puis le faire!). Dans sa référence constante à la dignité de la personne humaine (identifiée à l'aptitude de parole, de raison, de mémoire), il en arrive, en un individualisme outrancier, à considérer certains êtres humains (les embryons, les grabataires) comme n'étant pas encore, ou comme n'étant plus, des personnes; avec les conséquences pratiques que l'on sait: interruption de grossesse, procréations médicalement assistées, conduites euthanasiques. L'A. lui répond: cherchons la dignité de l'homme dans son indignité même. - P. Detienne, S.J.