Comment comprendre le coeur du protestantisme sans passer par cette
insaisissable figure du Comte qui se fit pèlerin, et devint tout
ensemble évêque de l'Église des Frères moraves et de la sienne,
établissant sur ses terres, puis loin dans les nouveaux mondes,
cette communauté de Dieu dans l'Esprit où l'on pouvait aimer les
juifs et accueillir les «païens» sans les contraindre? «Herrnhut»
demeure l'emblème de cette vision missionnaire basée sur une
théologie (baroque) de la croix et la doctrine des blessures de
Jésus, sans s'effrayer d'un rétrécissement déjà pressenti de
l'espace chrétien: ce sera alors l'heure de la conversion des
païens, tandis que les juifs entreront les derniers dans la
bergerie. Un tableau précis des sensibilités protestantes au xviiie
s. (p. 48) permet de situer ce «réveil» enthousiaste et spirituel,
tandis que l'énoncé de la doctrine trinitaire de cet «éclaireur»
laisse entrevoir une curieuse théologie de l'Esprit Saint, «notre
véritable Mère». Une biographie exemplaire (assortie d'une
bibliographie finale) à méditer, par les temps qui courent. - N.
Hausman scm