L'A., journaliste turinoise, nous présente un jeune compatriote,
saint improbable, béatifié en 1990 par Jean-Paul II, qui l'a
qualifié de «jeune homme des Béatitudes». Fils d'Alfredo Frassati,
sénateur, ambassadeur, propriétaire du journal La Stampa,
Pier Giorgio est décédé en 1925, à l'âge de 24 ans, victime d'une
attaque foudroyante de poliomyélite. Étudiant chahuteur aux
résultats médiocres, meneur dans la Compagnie des types louches
sous le nom de Robespierre, bon vivant, collectionneur multiforme
(papillons, timbres-poste, reproductions d'oeuvres d'art), il
fumait la pipe et le cigare… tout en pratiquant de multiples sports
(aviron, voile, équitation, escrime, ski, alpinisme) sans jamais
omettre la messe dominicale. En fait d'écrits, il n'a laissé que
des lettres: «Jésus, je le sens, est en moi, il me dit tant de
choses… chaque jour qui passe me convainc davantage combien le
monde est laid…». Sa correspondance le montre véhémentement hostile
à l'occupation française de la Ruhr et totalement opposé au mariage
civil, une «bouffonnerie» dont il souhaite l'abolition. Sa sainteté
se résume en deux mots: charité délicate envers les pauvres, piété
profonde, ouvertement exprimée. Affilié au tiers-ordre dominicain
(sous le nom de Fra Girolamo, en honneur à Savonarole), membre des
Conférences de Saint-Vincent de Paul, il souhaitait exercer son
apostolat, non dans le sacerdoce, mais en tant que laïc, ingénieur
des mines au service des ouvriers. L'A. base son étude sur de
nombreux témoignages extérieurs, tant contemporains que posthumes,
tous extrêmement élogieux. - P. Detienne sj