L'éditeur, Robin Gill, de l'université de Kent (Canterbury),
présente ici les conclusions d'un séminaire de théologie organisé
en Namibie en 2003, illustrées par une douzaine d'articles traitant
du sujet auquel il était consacré: le sida. Notons entre autres:
l'attitude de Jésus envers les lépreux; Job, face à ses amis, comme
paradigme; l'Église et l'homosexualité, dans un article qui date
d'une époque (1990) où les hétérosexuels étaient considérés comme
moins exposés à l'infection; l'usage pastoral de la tradition
africaine de la lamentation; la collaboration avec les institutions
privées et gouvernementales… Une constatation: le rigorisme moral
mène au laxisme. Un problème: comment condamner une activité
sexuelle dangereuse sans condamner les personnes qui s'y engagent?
Une question: qui est responsable: Dieu? Les victimes? La doctrine
de l'Église? L'Occident capitaliste indifférent aux personnes
socialement et économiquement faibles et à leur non-accès aux
remèdes efficaces?
Le fait de présenter le sida comme une punition de l'immoralité a
causé une autre épidémie, qui a pour nom: stigmatisation,
marginalisation. Plusieurs contributions concernent la femme
africaine, victime innocente: mariée sans son consentement, sans
réel pouvoir sur sa vie sexuelle, s'adonnant à la prostitution pour
survivre, forcée de subir des relations sexuelles avec des parents
de son mari défunt… Les deux derniers chapitres concernent la
pastorale de la prévention: usage du préservatif et échange
prophylactique des seringues. Ils évoquent le principe du moindre
mal (ou peut-être: du moindre bien), la casuistique
d'accommodation, l'epikeia, le double effet. Le dernier mot est
pour la compassion. À lire. - P. Detienne sj