Rites et mystères chrétiens des Compagnonnages

Jean-François Ferraton
Histoire - Recenseur : Gauthier Kirsch
Les travaux critiques sur l'histoire du Compagnonnage ne sont pas légion. Saluons dès lors cette parution, qui se démarque, tant par sa méthode que par son contenu, des ouvrages courants sur la question, qui tirent régulièrement les Compagnons vers l'ésotérisme ou le paganisme, à l'instar des francs-maçons.
L'A. (lui-même Compagnon) analyse les traces avérées les plus anciennes des rituels propres à cette société (des textes du milieu du XVIIe s.) et n'a aucune peine à démontrer que ceux-ci ressortent des sacrements (eucharistie, baptême), de la Passion ou encore du cycle pascal (le lavement des pieds). Ce sont des rites laïques analogues à ceux des confréries de métiers du Moyen Âge, de la chevalerie, ou encore aux mystères, la dramaturgie sacrée de cette époque. Nul besoin donc d'aller chercher des survivances celtiques, hérétiques ou gnostiques.
Mais à notre époque, ces racines indubitablement chrétiennes semblentoccultées. J.-F. Ferraton émet l'hypothèse, qui nous paraît des plus plausibles, que les rites actuels, qui font appel à des personnages fondateurs comme « Maître Jacques » ou le « Père Soubise », sont issus de dissimulations volontaires qui ont eu lieu après la condamnation des rituels traditionnels, obtenue par des dévots de tendance janséniste auprès de la Fac. de théol. de Paris en 1655 et étendue au reste de la France peu après. Marginalisés, les Compagnons désireux de conserver leur spiritualité propre s'éloignèrent des références directes aux sacrements de l'Église pour construire une symbolique particulière (qui apparaît complète à une date tardive : le début du XIXe s.), au fil du temps influencée par celle de la franc-maçonnerie, née en 1717.
Pour l'A., chrétien assumé, le temps est venu de retrouver les racines véritables de ces rituels. Son ouvrage, bel objet abondamment illustré, mais dont la lecture est parfois difficile (la structure nous paraît par instants un peu confuse), tend à y contribuer. - G. Kirsch

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