Fruit d'un colloque tenu en mars 2016, l'ouvrage rassemble 18
contributions sur deux sujets éthiquement sensibles. On y trouve
des développements intéressants, tant de la réflexion éthique (la
recherche en soins palliatifs, la spiritualité et le soin, le droit
de bien mourir…) que de la description du terrain (les personnes
cérébro-lésées, la pédiatrie, l'accompagnement…) ; on y insiste à
juste titre sur la complexité des situations et donc sur la
nécessité, pour agir avec humanité, de prendre en compte tous les
aspects de la question. À remarquer : la propre contribution de
Dominique Jacquemin sur la tentation de toute-puissance dans la
sédation. Mais les contributions finales de deux prêtres, Marc
Desmet et Gabriel Ringlet, susciteront à coup sûr, quelle que soit
leur bonne foi respective, de nombreuses réserves au plan éthique.
Le premier, partisan d'un pragmatisme pluraliste, ne voit pas
d'inconvénient à ouvrir la porte de l'euthanasie jusque dans les
unités de soins palliatifs, confirmant par-là la regrettable
confusion qui tend à se répandre entre ces deux attitudes
radicalement opposées que sont l'accompagnement du patient jusqu'à
sa fin de vie naturelle et le geste de mort posé sur lui ; le
second n'hésite pas, pour sa part, à inclure le geste de mort dans
une célébration de vie (« d'adieu choisi ») dans laquelle la
poésie, la musique et le parfum contribuent, qu'on le veuille ou
non, à escamoter la gravité du geste homicide, au grand dam des
équipes d'aumônerie qui en sont troublées. Par son sous-titre,
l'ouvrage est écrit pour penser. À l'heure où la
tentation euthanasique se répand à grande vitesse, on aimerait que
ce soit pour penser autrement. -
X. Dijon s.j.