L'A., membre italien du Prado, nous livre, telle quelle, la thèse
de doctorat qu'il a consacrée à celui qu'il se plaît à appeler
l'apôtre de la Guillotière, le Père Chevrier (1826-1879), fondateur
du Prado. Il s'appuie sur les témoignages recueillis au procès de
béatification, sur l'abondante correspondance du Père et sur Le
Véritable Disciple de NSJC, ouvrage destiné à la formation des
séminaristes, émaillé de quelque 1150 citations néotestamentaires,
extraites surtout de la concordance Les évangiles unis. Recherchant
le caractère original de sa sequela Christi (suivre et imiter Celui
à qui on se conforme, le connaître, l'aimer et le servir), l'A.
découvre la place du désir dans l'itinéraire spirituel et pastoral
du Père Chevrier. Il met en valeur sa «conversion» de Noël 1856, et
relève l'importance de l'expression ambiguë Sacerdos alter Christus
ainsi que de la trilogie crèche (pauvreté), croix (souffrance),
tabernacle (charité: un homme mangé). Il suggère des harmoniques
avec la spiritualité ignatienne: le magis, la consolation sans
cause, le haerere ubi gustus. Il s'attarde à la méthode
catéchétique (apprivoiser, civiliser, christianiser; éclairer
l'intelligence, toucher le coeur, pousser à l'action) et nous
apprend que le P.Ch. puise la matière de ses instructions
uniquement dans l'Évangile et dans le catéchisme. Il mentionne en
passant: un certain volontarisme (une intention spéciale est prévue
pour chacune des heures du bréviaire et pour chaque jour de la
semaine); un excès de raisonnement «peu respectueux du mystère de
Dieu»; un «déficit ecclésiologique» chez celui qui présente
l'Église comme le plus grand miracle. Il omet par contre de
s'étonner de la totale absence de la Vierge Marie, mais il note que
la femme est pour le P.Ch. un problème. Il suggère, sans la
développer, une comparaison avec le curé d'Ars (qui a connu le
P.Ch.). L'ouvrage est enrichi d'une abondante bibliographie. - P.
Detienne sj