Sous un titre emprunté à Rilke, l'A., franciscain canadien, proche
des milieux contemplatifs, traite ici de l'expérience de Dieu. En
un langage poético-théologique, il en balise quatre chemins
humains: de soi, du frère, de l'histoire, de l'univers; et deux
chemins de foi: l'Écriture et le Sacrement. Il les présente comme
des médiations à la fois nécessaires et décevantes: le mystérieux
visage de Dieu s'y laisse entrevoir en un éclair fugitif. Pareille
expérience est imprévisible et soudaine; on peut la souhaiter et
l'appeler, mais non la susciter à volonté; elle survient parfois
dans les lieux et les moments les plus inattendus… et l'univers en
paraît alors transfiguré. Expérience merveilleuse mais fugace, dont
la mémoire peut garder un souvenir ardent que cherche à entretenir
la prière… et auquel il peut être dangereux de s'accrocher. Souvent
seuls l'absence, le silence, et la déception répondent au désir, à
l'appel et à l'attente du priant, dans la monotonie, la sécheresse
et l'ennui. L'A. évoque ici la nuit des sens, la nuit de l'esprit,
l'acédie. Et tandis que l'homme poursuit sa quête de Dieu, Dieu,
dont l'amour est de toujours à toujours, ne cesse de poursuivre sa
quête de l'homme. - P. Detienne sj