Un débat nouveau s'est-il ouvert sur la réception du Concile, avec
l'achèvement de la version française de l'Histoire du Concile de G.
Alberigo? On distinguera, avec la «mise en perspective» de Ch.
Theobald, la simple application de décrets et l'expérience
théologale des récepteurs. G. Alberigo présente lui-même son oeuvre
(en cinq volumes), qui a succédé aux commentaires des textes
vaticans, puis à l'interprétation des rédacteurs:
«l'historicisation de Vatican II ouvre la possibilité d'un
'tournant herméneutique'» (42) et elle ouvre sur de nouvelles
recherches, en particulier au sujet de la «conciliarité» du
Concile. H. Legrand, dans une contribution capitale, relit et
évalue l'Histoire du Concile Vatican II d'un point de vue
ecclésiologique: l'historien de l'Église et de l'ecclésiologie peut
adopter des points de vue différents mais complémentaires,
notamment en prévoyant que l'histoire subséquente se fera autour
des textes; c'est pourquoi leur genèse historique est essentielle
(il en fait la démonstration sur un certain nombre de controverses
postconciliaires, dont le célèbre subsistit in de Lumen gentium 8);
en somme, la juste réception de Vatican I paraît plus urgente que
celle de Vatican II…
Les autres contributions étudient des cas particuliers: celui des
missions (qui font place à la mission, Ét. Fouilloux), celui du
laïcat (en reflux, G. Routhier), celui de la vie religieuse (plus
riche qu'on ne le croit, Ch. Hourticq). Pour finir, M. Fédou
revient sur l'événement exceptionnel que fut Vatican II, et
l'expérience de Dieu qu'il permet d'identifier dans le Christ; cet
héritage est une promesse. Ainsi, «une juste interprétation de
Vatican II implique… que l'on communie à l'expérience qui fut celle
des pères conciliaires, en tant que cette expérience fut vraiment
une expérience de la proximité de Dieu dans l'Église de ce temps et
au-delà de ses frontières, dans le monde de ce temps» (157). Une
conclusion ajustée à l'importance des enjeux. - N. Hausman scm