L'A., journaliste et théologien, a publié en allemand, à l'occasion
de sa béatification (1991) une biographie d'Adolph Kolping
(1813-1865), ce fils de bergers qui, compagnon-cordonnier avant son
accès au sacerdoce, fonda en 1849 les Gesellenverein,
associations polyvalentes de travailleurs catholiques (éducation,
loisirs, assurance-maladie, service santé, banque d'épargne…), qui
comptent aujourd'hui 350.000 membres dans 36 pays. Journaliste
infatigable, il créa, dirigea et rédigea jusqu'à sa mort
l'hebdomadaire Rheinische Volksblätter fur Haus, Familie und
Handwerk qui dénonçait à la fois «la liberté et l'égalité qui
ouvrent la porte au diable», la «tyrannie de la tolérance», le
libre échange, le travail dominical en usine, les cuisines
populaires, les adversaires du pouvoir politique du Pape
(Evviva il Papa Re!), les femmes qui cherchent à
développer leurs talents endehors de la maison…, mais qui clamait,
trente ans avant Rerum Novarum: «L'Église ne peut se
dissocier de la question sociale… Le communisme athée n'aurait pas
vu le jour si on avait pratiqué le communisme chrétien… La
chrétienté n'est pas de ce monde, elle est pour ce monde…». Si,
considérant le statut social comme prescrit par Dieu, il n'a jamais
envisagé une réforme des structures, mais seulement de la pensée
(éducation, éveil des consciences…), il concluait cependant, à la
fin de sa vie trop brève: «Les plaies sociales ne guériront pas
d'elles-mêmes». - P.-G.D.