Adonde el Señor nos lleve. Vida consagrada en el mundo: tendencias y perspectivas
(éd.) F. PradoVie consacrée - Recenseur : Benoît Malvaux
Dans un tel cadre, on ne peut que se réjouir du défi relevé ici par les éditions clarétiennes. Une douzaine de contributions de théologiens et de responsables religieux d'Europe, d'Amérique, d'Asie et d'Afrique nous permettent de faire un tour du monde de la vie consacrée, de mieux percevoir ses difficultés, les défis auxquels elle est affrontée, ses rêves et ses espérances aussi. Confrontée à une crise à la fois quantitative et qualitative, la vie consacrée en Europe, du moins dans sa partie occidentale, est invitée à entrer dans une logique de gratuité. Les consacrés ne sont en soi indispensables ni à l'Église ni à la société. Leur apport est toujours de l'ordre du surcroît. Il suppose cependant que les consacrés redécouvrent la valeur évangélique de la vie communautaire et leur enracinement en Dieu, en n'hésitant pas à se libérer du poids des institutions, là où elles font obstacle à un tel approfondissement.
En Amérique latine, il s'agit davantage d'élaborer de nouveaux paradigmes, qui mènent à la marge, qui invitent à prendre un chemin de petitesse et d'humilité, mais aussi à travailler en réseaux, intercongrégationnels, ecclésiaux, oecuméniques, avec tous ceux qui oeuvrent à la croissance du Royaume. L'Asie, où la vie consacrée a un bel avenir devant elle (quoiqu'il faille distinguer selon les pays: le Japon n'est pas le Vietnam), les religieux sont appelés à relever le défi de la spiritualité, dans un contexte où ils sont vus avant tout comme des «travailleurs sociaux» efficaces, non comme des maîtres spirituels. Le défi de la spiritualité invite là aussi à ne pas se laisser surcharger par les institutions.
En Afrique, enfin, où les vocations à la vie religieuse sont nombreuses, mais s'expliquent fréquemment par un souci de promotion sociale à purifier, il importe de clarifier les liens à la famille mais aussi de bâtir une vie consacrée authentiquement africaine.
De ce panorama passionnant des forces et faiblesses de la vie consacrée aujourd'hui, on retiendra particulièrement les contributions vigoureuses de Simon Pierre Arnold (Pérou), de Michael Amaladoss (Inde), de Mgr Oburu (Guinée Équatoriale) et d'Emilio Grasso (Cameroun). On regrettera la faiblesse relative de la contribution nord-américaine, consacrée quasi exclusivement à une relecture du passé. Globalement, cependant, cet ouvrage brosse un tableau éclairant de la vie consacrée d'aujourd'hui, où le réalisme se conjoint à l'espérance. - B. Malvaux sj