Dans la collection des «petits traités spirituels», ce livre est
plein de vie tant dans la forme que dans le contenu. L'A. est connu
pour la vivacité de ses propos et l'audace de ses images.
L'enseignement est riche et harmonieux. Le traité unifie fort
heureusement l'adoration comme source d'amour et le sacrement de
l'eucharistie, source d'espérance. Pour l'adoration, l'A. élargit
sa réflexion sur les «fondements», sur l'attitude fondamentale
(«Mon Seigneur, mon Dieu, mon Maître»), nous propose des modèles et
relie cette adoration aux dix paroles de vie. Par là, il souligne
les racines de l'adoration et pas seulement un rite ou un mode de
prier. Nous savons que l'adoration du Saint Sacrement est typique
du rite catholique romain et ne se retrouve pas dans d'autres
rites. Mais l'esprit et l'attitude d'adoration appartiennent à
l'identité catholique. Un discernement est aussi offert: éviter
l'excès d'épanchement affectif et la recherche de l'efficacité.
Voilà qui pourrait éclairer certaines marques d'idolâtrie de ce
mode de prier dans des situations pastorales nouvelles.Ne jamais
promouvoir l'adoration sans son lien avec l'eucharistie, disaient
les intervenants au synode sur l'eucharistie en 2005. Ainsi le
Cardinal insiste-t-il sur le chemin de notre «configuration» au
Christ dans l'histoire. Cette configuration s'opère dans l'acte du
Christ tel qu'il est représenté par le visage transfiguré du Christ
dans le pain eucharistique. Le symbolisme du sang est
malheureusement peu explicité, mais la construction du Royaume en
ce monde, uni à l'éternité de Dieu est fort bien rendu. Dans chaque
eucharistie, nous nous préparons à une ascension «par Lui, avec Lui
et en Lui» et nous rejoignons la louange des anges. L'économie
sacramentelle est ainsi explicitée dans un bel équilibre entre
l'Écriture et la Tradition. L'intégration du rapport entre l'Ancien
et le Nouveau Testament donne du relief et une «nouveauté» à cet
enseignement à la fois classique et contemporain. Ce livre est à
méditer et fait du bien au coeur et à l'intelligence. - A.
Mattheeuws sj