Anthologie poétique, éd. A. Llinarès

Raymond Lulle
Histoire de la pensée - Recenseur : R. Nirel
«Patriarche de la littérature catalane», R. Lulle ou Llull (1235-1315) fut d'abord trouvère à la cour de Majorque, mais il ne nous reste rien de ses premiers poèmes. Marié, converti à 30 ans, il entra dans le tiers-ordre franciscain où il pouvait demeurer marié, mais par la suite il préféra se séparer de sa femme. En catalan, latin ou arabe, il écrivit plus de 250 ouvrages presque tous en prose, avec douze oeuvres proprement poétiques et comptant 12.000 vers. Quatre de ces oeuvres étant purement didactiques ne sont pas reprises dans cette anthologie qui classe les livres dans leur ordre chronologique. On y découvre un Lulle demeuré troubadour, mais au service de Dieu et de Notre-Dame. Il utilise tous les mètres de son temps et a su marier la poésie à la philosophie et à la théologie. Son but principal, dans une Espagne à demi occupée par les Maures, a toujours été de convertir les musulmans et de libérer les Lieux saints. Lui-même grand voyageur, il alla par trois fois évangéliser les Maures à Tunis et à Bougie au risque de sa vie et en se faisant expulser chaque fois.
Les deux premiers poèmes de ce recueil sont extraits d'un de ses romans en prose, Blaquerne, et chantent Dieu et Marie. Les cent noms de Dieu veut rivaliser avec le Coran et ses 99 noms divins; ce sont cent poèmes de 30 vers libres. Les Heures de Notre-Dame présentent les sept heures canoniales toutes à la gloire de Marie. La complainte de la Vierge raconte les souffrances de Marie durant la Passion. Le Désarroi, en 63 strophes de 12 alexandrins, exprime son propre découragement devant le peu de succès de ses efforts pour la croisade et la conversion des musulmans. Le chant de Raymond, poème lyrique, avoue qu'il a entrepris une tâche au-dessus de ses forces. La médecine du péché avec ses 5878 vers veut opposer cinq remèdes à la multitude des péchés, mais ce long poème est souvent lassant. Proverbes d'enseignement énonce en distiques une foule de préceptes moraux. Enfin Le concile écrit en 1309, avant le concile de Vienne en Dauphiné, pousse encore à lancer une nouvelle croisade, 40 ans après la dernière de saint Louis.
La traduction rend difficilement le charme de ses poèmes, mais elle aide à connaître l'un des géants de la littérature du Moyen Âge dont l'Église a fait un bienheureux et que l'on a surnommé «le docteur illuminé». - R. Nirel.

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