Antropologia e grazia nel pensiero di Malebranche

Ferruccio Ceragioli
Théologie - Recenseur : Bruno Clarot s.j.
Pourquoi réveiller aujourd'hui le souvenir d'un homme entouré d'un relent de rationalisme comme Malebranche (1638-1715)? Beaucoup de problèmes actuels gagneraient à être confrontés à la pensée de cet homme exceptionnel qui tenta de repenser la philosophie, la théologie et la spiritualité de façon rigoureuse, grâce aux apports de Descartes (1596-1650).
Né à l'époque du Discours de la méthode (1637), Malebranche fut imprégné par le cartésianisme et profondément déçu par la philosophie et la théologie scolastiques, trop notionnelles. En 1660, il entre chez les oratoriens et se forme à la grande spiritualité de Bérulle, Thérèse d'Avila et d'Augustin. Prêtre en 64 et cartésien enthousiaste, il tente aussitôt de rénover la doctrine catholique en bâtissant une synthèse géniale entre augustinisme et cartésianisme. Hélas! Le siècle des Lumières séparera ce qu'il avait tenté d'unifier, et la théologie exclura de ses rangs cette pensée trop originale et si peu scolastique. Ceragioli, prêtre et professeur de théologie, ne désire pas reconstruire toute la pensée de Malebranche, mais simplement faire une relecture de certains de ses thèmes sur la relation de l'homme avec Dieu, montrer l'inspiration proprement religieuse de sa pensée (accusée d'être rationaliste) et trouver chez lui des éléments intéressants pour éclairer certains de nos problèmes actuels. Parmi ceux-ci, il choisit le thème de la grâce ainsi que celui de la limite entre théologie et spiritualité. Le point central de sa recherche est la connexion entre conscience humaine et grâce divine, ainsi que les structures anthropologiques de la foi.
En conclusion, Ceragioli se demande ce qu'on peut garder de l'oeuvre immense de l'oratorien. Malgré ses limites et celles de son temps, nous intéresse le lien que Malebranche met entre anthropologie de la conscience et ontologie de la grâce; sa vue unitaire et synthétique de l'anthropologie qui rend sa dignité à la fonction sensible de la conscience; la sensation précédant la compréhension par l'âme.
Malebranche pense la grâce en terme de délectation, motion, sentiment, désir qui anticipent en quelque sorte la béatitude et la jouissance en Dieu. Celle-ci peut donc être expérimentée. Cette conception du sujet comme conscience et de la délectation permet de dépasser l'intellectualisme de la foi et le divorce entre théologie et mystique, de même que le psychologisme de certaines spiritualités contemporaines.
Malebranche répétait volontiers: «il faut sentir avant de con-sentir» et «la prière est la foi en acte». Certes dans son oeuvre immense on trouve quelques expressions malheureuses, mais ces quelques défauts ne peuvent cacher l'ensemble cohérent et orthodoxe de sa pensée. - B. Clarot sj

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