Bruno Charmet et la collection qu’il anime aux éditions Parole et Silence (« Juifs et chrétiens en dialogue », 9 volumes parus à ce jour) sont déjà connus de nos lecteurs (voir NRT 140, 2018, p. 314). Dans ce nouvel opus, l’A. offre deux parcours assez différents indiqués par les deux parties du titre. Répondant à une sollicitation du Card. Lustiger de reprendre ces textes dans une perspective non substitutioniste, l’A. – dans un copieux premier chap. (p. 23-149) – propose une lecture, longuement mûrie, des chants isaïens du serviteur souffrant. Il ne s’agit pas, à proprement parler, de proposer une nouvelle exégèse du texte, mais plutôt de « montrer, en se référant à Isaïe 52,13–53,12, combien à travers le riche patrimoine de la liturgie chrétienne […] puis par l’étude des commentaires incessants des deux communautés pendant près de deux millénaires de confrontations souvent douloureuses, les juifs et les chrétiens ont tissé entre eux, malgré tout et souvent à leur corps défendant, des liens indéfectibles » (p. 24). Le deuxième parcours (« Témoins et passeurs ») complète la galerie de portraits des artisans du dialogue judéo-chrétien dressée par l’auteur dans un ouvrage précédent (voir NRT 139, 2017, p. 154) : Fadieh Lovsky (1914-2015), André Chouraqui (1917-2007), Edith Stein (1891-1942), le Card. Saliège (1870-1956). Deux chap. supplémentaires (chap. 4 et 5) enfin, un peu hors cadre, présentent L’introduction aux devoirs des cœurs de Bahya Ibn Paqûda (xi^e s.) – connue en France grâce à la traduction qu’en a faite Chouraqui (Desclée de Brouwer, 1950) – et introduisent à l’école du Moussar (approche qui revalorise le lien entre éthique et rituel), fondée par Israël Lipkin Salanter (1810-1883) et dont les Devoirs des cœurs sont une des références. Bien que toutes ces études – sauf celle sur Lovsky, inédite – proviennent de textes déjà publiés (en général, dans la revue Sens entre 1995 et 2018), on saura gré à l’A. de les avoir réunies et réorganisées et de leur donner ainsi une seconde postérité. — D. Luciani