Arcabas. Notre-Dame de la Salette, préf. Mgr G. de Kerimel, photogr. M. Crozet

Patrick Laudet
Arts et Lettres - Recenseur : Jean Burton s.j.
À chaque album exposant une oeuvre d'Arcabas, nous restons toujours comme ravis, suspendus dans cette «attention, seuil de la prière!» (34). Encore ici (cf. NRT 127 [2005] 683) nous retrouvons une «collaboration» exceptionnelle entre la grâce du lieu toute imprégnée de la tendresse du ministère (Cana) et des larmes de Marie (Déploration au Calvaire) ainsi que de la force de celui du Fils aux puissantes mains bénissantes (Pantocrator); la méditation iconographique et spirituelle particulièrement fine de P. Laudet; l'innervation des références bibliques qui animent l'oeuvre littéraire de ce commentaire aussi bien que l'inspiration picturale du peintre; et enfin, le travail des formes et de la couleur qui singularise le style pictural d'Arcabas. Il y aurait mille choses à dire au fil de notre contemplation. Car c'est de cela qu'il s'agit: «la grâce du double regard, cher à l'iconographie d'Arcabas. Noces de la face et du profil, oeil intérieur et oeil extérieur, regard charnel et spirituel, posé sur l'intensité mystérieuse de l'instant mais tendu vers l'attente messianique de l'A-venir» (à propos du «regard» de la Fiancée à la table de Cana, p. 54). C'est que: «De l'Évangile, le peintre n'a pas mission que de souligner au pinceau les lignes claires du récit. Leur représentation n'est pas son unique vocation. Son office mystique autant que figuratif, est aussi de nous introduire aux silences de l'interligne, aux creux du texte autant qu'à ses pleins… Contempler, c'est-à-dire voir du double regard de la foi, qui perçoit l'éternel dans le temporel et le lumineux dans le ténébreux» (à propos du «regard» de Marie-Madeleine dans la scène de la Déploration de Marie qu'aucuns des récits évangéliques ne mentionnent, p. 62).
C'est de ce même regard qu'il nous faut écouter toute oeuvre d'art, certes, et celles que nous offre Arcabas le requiert toujours. Heureux sommes-nous de rencontrer de tel artiste et, il faut y insister, de tels «éducateurs du regard» comme ici P. Laudet qui s'inscrit (il le cite) dans la lignée des Baudiquet et d'autres encore pour qui il est approprié de dire, avec Dominique Ponnau, qu'ils ont «La beauté pour sacerdoce». Plaise au ciel que nos regards, un jour, se «résolvent» dans la pure lumière. «On se souvient que les larmes de Marie à la Salette ne tombaient pas à terre, elles se fondaient en lumière» (à propos du Mouchoir de larmes devenu linge de lumière, détail de la Déploration, p. 79-80). «La beauté n'est pas immédiate, elle ne surgit d'aucun effet photographique mais plutôt d'une révélation iconique. Voir devient alors un acte liturgique» (90) non plus seulement au seuil mais au coeur de la prière. - J. Burton sj

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