Being Jewish in Galilee, 100-200 CE. An Archaeological Study
Rick BonnieJudaïsme - Recenseur : Didier Luciani
Cherchant à mieux comprendre le contexte politique, économique et socio-culturel dans lequel Jésus est intervenu (ier s.), mais aussi celui – plus tardif – dans lequel le judaïsme s’est réorganisé après la destruction du Temple (70) et la révolte de Bar Kokhba (132-135), les études sur la Galilée des premiers siècles de notre ère ont véritablement explosé ces dernières années. Il ne faut pas oublier, en effet, que si la Galilée est le berceau de l’activité prédicatrice et thaumaturgique de Jésus de Nazareth, elle est aussi, à partir du iiie s., le lieu de rédaction de la Michnah (entre 200 et 220) et un centre important – si ce n’est le centre le plus important – du judaïsme, au moins jusqu’au début du ve s. (achèvement, à Tibériade, du Talmud dit de « Jérusalem » vers 400 ; abolition de la fonction de nassi, président du Sanhédrin, en Érets Israel, en 425). Entre ces deux périodes assez bien documentées, la Galilée du iie s. faisait jusqu’ici un peu figure de parent pauvre. Or d’importants changements – en termes d’infrastructure (routes, équipements, etc.), d’urbanisation (Magdala, Sephoris, Tibériade), de croissance démographique, de pratiques domestiques et rituelles, etc. – y ont eu lieu à ce moment. Se basant sur l’archéologie et la culture matérielle de la région, l’étude de R. Bonnie – fruit d’une thèse défendue en 2014 à la KULeuven (Belgique) – vient heureusement combler ce vide et complète des études comme celles de M.A. Chancey, S. Freyne, D.A. Fiensy, ou A. Oppenheimer. Confirmant d’autres études historiques et à l’encontre de l’image rétroprojetée par la littérature rabbinique sur cette période, les résultats de son enquête approfondie montrent une société juive galiléenne diversifiée, assez autonome par rapport au pouvoir impérial et provincial, responsable des changements qu’elle opère et dans laquelle les rabbins tiennent une place encore très marginale. Si la connaissance de la Galilée du iie s. devient un peu moins floue grâce à cette remarquable étude, des pans entiers restent encore dans l’ombre, notamment la manière dont la synagogue – en tant qu’institution publique socio-religieuse – s’est développée et le rôle qu’elle a joué à cette époque. — D. Luciani