Cardinal Yves Congar, 1904-1995. Actes du colloque réuni à Rome les 3-4 juin 1996. Édit. A. Vauchez

Col.
Histoire - Recenseur : Bernard Joassart s.j.
Avec l'éloignement dans le temps et parce que les sources sont plus aisément accessibles, Vatican II donne lieu à de nombreuses études de qualité: que ce soit la grande synthèse Histoire du Concile Vatican II, publiée sous la direction de G. Alberigo, qui fera incontestablement date dans l'historiographie religieuse contemporaine, ou d'autres publications consacrées à des sujets plus restreints, dont voici quelques exemples.
On ne s'attardera pas longuement sur les deux premiers ouvrages: ils sont parvenus assez tardivement à la rédaction de la revue (en 1999), et surtout on en trouvera ou retrouvera nombre d'éléments dans la synthèse dirigée par G. Alberigo. Les commissions conciliaires rassemble la majeure partie des communications faites lors d'un colloque organisé précisément en lien avec l'entreprise de G. Alberigo, les 8-10 juillet 1994, par le CentreLumen Gentium (Université catholique de Louvain) et le Centrum voor Conciliestudie Vaticanum II (Katholieke Universiteit te Leuven). Ce colloque se proposait de mieux mettre en lumière ce qu'on savait déjà, mais peut-être d'une manière un peu trop impressionniste, à savoir l'importance primordiale du travail opéré dans ces commissions. Les AA. ne se sont toutefois pas limités aux seuls travaux de ces organismes, certains ayant voulu mettre en évidence l'apport d'autres groupes ou personnes. Ainsi, on lira avec intérêt les communications de D. Pelletier (Une marginalité engagée: le groupe «Jésus, l'Église et les pauvres»), de D. Gonnet (L'apport de John Courtney Murray au schéma sur la liberté religieuse), le témoignage de Mgr J. M. Heuschen, évêque d'Hasselt (Gaudium et spes: les modi pontificaux), et plus encore l'exposé de J. Grootaers (Le crayon rouge de Paul VI: les interventions du pape dans le travail des commissions conciliaires); à lui seul, pourrait-on dire, le pape formait une commission qui fut très active durant tout le concile.
Le titre du deuxième ouvrage paraîtra sans doute un peu énigmatique, encore qu'il était peut-être le plus adéquat pour désigner le vaste champ d'études du colloque tenu à Moscou du 30 mars au 2 avril 1995. Il couvre en effet deux réalités en apparence distinctes - les relations du catholicisme d'une part avec l'orthodoxie (prise au sens large, mais dont on sait qu'elle offre de multiples visages), d'autre part avec le communisme -, mais qui, du fait de l'histoire, étaient à l'époque du concile fortement imbriquées: la plus grande partie du monde orthodoxe vivait sous régime communiste. L'intérêt premier de ce colloque est de bien montrer que durant le Concile, le catholicisme modifia progressivement sa «rencontre» avec ces deux réalités des années 60. Le cardinal Suenens joua un rôle de premier plan au Concile. On ne peut qu'apprécier que L. D. et E. L. aient dressé un inventaire des archives du prélat relatives à Vatican II. L'entreprise n'était pas aisée, notamment parce que les papiers du cardinal se trouvent dispersés en trois lieux: dans sa résidence de Bruxelles, à Wemmel où il vécut les dernières années de sa vie, et à l'archevêché de Malines; sans compter les documents du Fonds Prignon, recteur du Collège belge à Rome, conservés à Louvain-la-Neuve. Ces papiers ont été répertoriés selon les grandes étapes du Concile (période préparatoire, première session, première intersession…) et en fonction de grandes thématiques qu'il serait trop long de détailler ici. Cet ouvrage s'adresse bien sûr avant tout aux spécialistes qui y trouveront «de tout» (lettres, discours, publications annotées, documents de travail, etc.). L'index onomastique final aidera beaucoup l'utilisateur à se mouvoir dans cet inventaire. Les deux souhaits que nous formulons ici ont certes un caractère quelque peu utopique. Mais il serait certainement très intéressant de repérer les documents envoyés par le cardinal en ce temps à des tiers, ce qui permettrait d'approfondir notre connaissance de son action conciliaire; d'autre part - et ceci déborde la seule personne du primat de Belgique - il serait tout aussi intéressant de dresser de pareils inventaires pour tous les participants au Concile: des notes d'un évêque ou d'un théologien plus «obscur» recèlent peut-être des perles pour l'historien.
Autre protagoniste de premier plan à Vatican II, le P. Congar. Certes le colloque tenu à Rome les 3 et 4 juin 1996 ne traitait pas uniquement de sa participation au Concile. S'il faudra peut-être attendre encore quelque temps pour disposer d'une biographie vraiment fouillée du dominicain, les différents exposés ici publiés en sont en quelque sorte des pierres d'attente de grande richesse. Même si Congar eut ses centres d'intérêt privilégiés, en particulier tout ce qui touche à l'ecclésiologie, les différentes interventions nous font découvrir un homme «à large spectre», un théologien, doublé d'un historien, qui doit retenir l'attention des spécialistes d'autres disciplines et des historiens d'autres époques que la nôtre. En témoigne, par exemple, l'exposé d'A. Vauchez, Yves Congar et la place des laïcs dans l'ecclésiologie médiévale. Signalons également la communication d'É. Fouilloux, Congar, témoin de l'Église de son temps (1930-1960), qui, essentiellement par l'exploration du journal du dominicain, est à sa manière une introduction à l'histoire de l'Église de ces décennies. - B. Joassart, S. J.

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