Charles Journet: un témoin du XXe siècle. Actes de la Semaine théologique de l'Université de Fribourg. Faculté de Théologie. 8-12 avril 2002

(éds) M.A. Jaeggi (éds) Guy Boissard
Théologie - Recenseur : G. Navez s.j.
Session consacrée à un théologien remarquable, trop peu connu. De nombreux auteurs - philosophes, théologiens, historiens, politiciens, artistes, archiviste, éditeurs - mettent en valeur le travail scientifique du Cardinal Journet, et plus encore sa personnalité. Thomiste sûr, capable d'étonnement, avec le talent de rendre la vérité savoureuse, un «amoureux» au sens fort, de la vérité, comme son ami Maritain. Respectueux de la philosophie, tout en reconnaissant ses limites et ses dangers à dépasser, théologien contemplatif, braqué sur la foi, attachant la plus grande importance aux lumières de l'Amour (Aime et tu connais Dieu!), aux réactions des saints et des mystiques intuitifs, au delà des concepts, dans une trajectoire allant de la foi à la vision (cf. Thérèse de Lisieux, Catherine de Sienne, François d'Assise.)
Les sujets spécialement abordés sont l'Église du Verbe Incarné, simple et englobant de multiples pécheurs; mariale (Marie est l'Église en ce qu'elle est accomplie, solidaire, maternelle, transparente sans réserve à l'action de l'Esprit, «l'épouse sans tache ni ride faisant des êtres semblables à elle» (comme c'est le rôle d'une mère). À l'époque difficile du magistère de Pie XII, Journet porte une critique percutante des totalitarismes. En absolutisant l'État, l'économie, la dictature capricieuse, les totalitarismes réduisent le domaine réservé à Dieu (Rendez à César…). En tronquant les exigences divines, ils détruisent l'homme et sa vocation.
En dépassant toute connivence et compromis, Journet a l'art de respecter la liberté erronée mais qui reste droite, il discerne avec minutie ce qui reste valable, la synthèse essentielle où tous aspirent, sans toutefois la réduire à des vues temporelles égoïstes et matérialistes. D'où le respect de la liberté religieuse en conscience! Respect également par contre de l'autonomie de la science et du politique dans leur domaine propre. L'oecuménisme n'est pas lutte pour la vie ni relativisme: il ne s'agit pas d'écraser des ennemis qui sont souvent des séparés de bonne foi, mais de promouvoir et de réunir des âmes soeurs qui tendent avec nous vers l'Église universelle, qui ne se réduit pas à l'institution visible. L'importance sacramentelle de l'Église catholique est à révéler aux Églises particulières. La façon de traiter les problèmes du mal - qui contredit radicalement Dieu - est remarquable, un Dieu qui cependant permet le mal, qu'Il ne peut laisser passer provisoirement que pour un bien infiniment plus grand, dans la passion rédemptrice.
La souffrance de Dieu est un mystère qui nous dépasse et semble humainement contredire son immutabilité et sa joie parfaite. L'Amour, nous le savons, ne peut être indifférent. Il souffre dans la passion de son Fils qui s'est fait homme et dans ses enfants que nous sommes: les béatitudes démonétisent nos vue humaines trop superficielles puisque c'est lorsque nous sommes vidés de nous-mêmes que nous sommes comblés. Partager la pauvreté de l'Homme-Dieu, c'est s'inscrire dans sa richesse que n'atteint pas, mais met en valeur, une plénitude sans proportion avec notre expérience de créatures.
Enfin, est épinglé le rôle des artistes vrais qui, prophètes d'un au-delà du temporel et de ses apparences sensibles superficielles se servent de l'analogie et de l'image pour nous suggérer et nous introduire dans le mystère qui dépasse nos concepts. - †G. Navez sj

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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