L'A., journaliste théologienne, se présente comme une fan de
Thérèse d'Avila. Elle s'est régalée de ses lettres. Elle lui
adresse à son tour une vingtaine de missives, qu'elle signe: ta
disciple comme je peux. La plume est primesautière, chaleureusement
irrévérencieuse. L'A. s'étonne de la syntaxe défectueuse de
Thérèse: tu parles de Dieu en t'adressant à lui! Elle se réjouit de
ses tendres amitiés: Dieu seul suffit… mais à condition d'avoir des
amis! Elle cherche à comprendre: visions sans images, paroles sans
voix… solitude à la fois choisie et subie… entrer où l'on est déjà…
se connaître aide à connaître Dieu, connaître Dieu aide à se
connaître… Elle souhaiterait des explications; elle rage de n'en
pas recevoir. Elle note avec approbation que, pour Thérèse,
l'expression mariage spirituel est une comparaison boiteuse. Notons
quelques citations: Ne rabaissons pas nos désirs… Dieu préfère
votre santé à votre pénitence… il faut toujours avoir soin de
prendre le sommeil dont votre tête a besoin… L'A. avoue qu'elle
aurait mal supporté le ton autoritaire de Thérèse, qui écrit à une
prieure: «Obéissez-moi et cessez de me tuer». Elle sympathise avec
son désarroi en fin de vie: «Tous les coups pleuvent sur moi, tout
ne m'est que dégoût». Elle conclut: «Je t'aime humaine, fragile,
avec tes hauts et tes bas. Je te dois tant». Agréable et
bienfaisant divertissement spirituel. - P. Detienne