Christian de Chergé. Une théologie de l'espérance
Christian SalensonReligions - Recenseur : Stéphanie Dandé fmj
À la question de l'unique médiation universelle salvifique du Christ, cruciale en théologie de la religion, C. de Chergé fait le choix de montrer un Christ déjà ressuscité sur la croix. Pour lui, «les enfants de l'islam», comme il aime à les appeler, sont sauvés en vertu de cette médiation, celle du Christ glorieux, plus encore celle du Christ de l'Ascension. Au coeur du mystère de la communion des saints, «qui indique le lieu de la rencontre sans donner prise sur le chemin qui y conduit» (p. 135), de Chergé voit la vie commune comme une lente conversion, comme «un difficile combat fondé sur la foi qu'un jour la face de Dieu sera tout en tous et qu'il nous faut dès aujourd'hui chercher ce tout, cette face de Dieu en chaque homme (p. 144). Sa vision positive se fonde sur le «quasi-sacrement de la différence», c'est-à-dire sur le fait de considérer la différence non comme une épreuve sur le chemin de l'unité mais comme un don de Dieu. Il approche la différence religieuse comme un déploiement du mystère de l'unité. L'enjeu pour l'Église est alors de «signifier la communion des saints par-delà toutes les tensions des siens» (p. 156).N'hésitant pas à revisiter avec le lecteur les textes du Magistère en théologie de la rencontre des religions - qui nous fait mesurer toute la pertinence de la pensée de C. de Chergé - l'A. a su nous transmettre avec profondeur, clarté et lumière dans cet ouvrage qui nous semble être plus «qu'un modeste essai» que «cette théologie de l'espérance, Christian de Chergé ne l'a pas écrite dans un ouvrage théologique mais dans sa vie, avec des frères moines et des frères musulmans» (p. 246). - St. Dandé