Cinquant’anni di Humanæ vitæ. Fine di un conflitto, riscoperta di un messaggio

Martin M. Lintner
Morale et droit - Recenseur : Alain Mattheeuws s.j.

Martin M. Lintner porte une attention particulière à l’histoire de l’encyclique Humanæ vitæ : ses divers moments de rédaction sont mis en évidence de manière synthétique (chap. 1). Elle permet à une nouvelle génération de prendre connaissance des longues réflexions et dispositions prises dans l’Église à ce propos. On tient compte du mémorandum de Cracovie. La publication d’HV est le fruit de débats durs et parfois dramatiques.

La réception du document est difficile (chap .2) : prises de position complexes des 38 conférences épiscopales, commentaires défavorables de nombreux théologiens et mise en question de l’intégration conciliaire (GS 47-52) dans HV. Il est fait état longuement des interprétations des papes ultérieurs : Jean-Paul ii, Benoît xvi et François. L’insistance sur la place de la conscience est déjà notable, mais si elle est incontournable, elle nous situe encore et toujours dans une morale normative. Ne faut-il pas envisager la question de l’indissolubilité des deux significations de l’acte conjugal sous ses aspects anthropologiques, spirituels, et sacramentels ? Ces derniers sont déployés dans l’ample recherche concernant la sexualité dans le plan de Dieu et le symbole du corps, particulièrement chez Jean-Paul ii. Il n’était pas facile de rendre compte de tout cet apport.

La conclusion (chap. 3) nous donne le point de vue détaillé de l’A. Une réflexion critique est opérée concernant HV : les arguments d’autorité utilisés, la forme même des arguments et les motifs contraires à la régulation artificielle des naissances. Par ailleurs, les effets discutables pour la santé de la femme de certaines régulations médicamenteuses ne sont pas indiqués. On retrouve ici les débats et tous les doutes, les précisions et les critiques des premiers commentateurs. Ils nous aident à voir les limites du langage des textes magistériels. Finalement, l’encyclique ne serait-elle pas une décision erronée du magistère que l’Église cherche avec le temps à tempérer et à faire évoluer dans un cadre plus unifié ? Mais l’accent mis sur la conscience individuelle laisse entrevoir les limites de ces commentaires. Car le langage même pour dire la beauté de l’union conjugale a évolué depuis 1968 et la vérité de cette union s’est affermie dans la théologie du corps de Jean-Paul ii.

De plus, il nous semble qu’à force de se fixer sur les méthodes et sur la différence entre « naturel » et « artificiel », on passe à côté de la nouveauté d’HV qui déploie la double signification d’un acte que les époux posent en communion ou non avec Dieu Créateur. En un sens, toutes les méthodes sont « artificielles » car elles font appel à une maîtrise technique de l’homme sur son corps, mais c’est l’essence de cette maîtrise et la manière dont elle se conjoint à la liberté personnelle qui importe à l’amour des époux. Ce ne sont pas les méthodes qui fixent ultimement la moralité de l’acte : elles se conjuguent ou non à l’intention des époux et au langage « objectif » du corps. Se fixer sur la moralité des méthodes, c’est rester dans des débats stériles de méthodes. Redécouvrir le message d’HV comme l’A. le suggère à la suite d’Amoris laetitia, c’est non seulement sortir les consciences de la casuistique du permis et du défendu, mais déployer « le lien intrinsèque entre l’amour conjugal et la génération de la vie » (AL 68). Ce lien dans l’acte conjugal est constitutif de l’amour et de la procréation. Ce qualificatif d’intrinsèque vise un lien substantiel dont il faudrait continuer à approfondir les implications. — A. Mattheeuws s.j.

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