Peut-on décrire un art, surtout si en l'occurrence il s'agit de ce
que Grégoire de Nazianze appelait «l'art des arts et la science des
sciences», formule très proche de celle de Grégoire le Grand qui
parlait du «gouvernement des âmes» comme étant «l'art des arts»?
L'A. a tenté l'entreprise, non à la façon d'un manuel tel qu'il est
possible d'en rédiger à propos de n'importe quelle technique.
Certes les «conseils pratiques», parfois très terre-à-terre, ne
manquent pas. Mais dans les trois parties - la première touche à
l'accompagnement en général, la deuxième à ce qui concerne plus
spécialement l'accompagnement d'une vocation, la troisième étant
une réflexion sur la signification de ce ministère en tant
qu'accompagnement d'une histoire particulière à la lumière de
l'histoire sainte - le lecteur reçoit comme un guide de «visite» de
toute personne souhaitant bénéficier de l'aide d'un frère dans la
foi, un peu comme on est invité à visiter un chef-d'oeuvre selon
diverses approches; dans le même temps, on découvre un «guide de
l'artisan», appelé à «ciseler» le chef-d'oeuvre de qui se confie à
son accompagnateur. Tout cela, bien sûr, en dialogue avec celui qui
s'en remet à ce «visiteur-artisan», afin que le bénéficiaire
lui-même façonne, en toute liberté, son propre « style». Soulignons
que l'A. prend en compte toutes les composantes de la personne
humaine qui, dans leur spécificité, peuvent et doivent contribuer à
sa sainteté. Tous les propos de l'A. rallieront-ils les suffrages
de tous les lecteurs? Peut-être pas! Mais ils susciteront à coup
sûr la réflexion de ceux qui pratiquent et reçoivent une direction
spirituelle, ce qui leur permettra certainement d'affiner leur
propre «art». N'est-ce pas là une qualité essentielle de tout livre
«spirituel»? - B. Joassart, S.J.