Il est des hommes qui, «possédant une grande perspicacité, une
intelligence pénétrante, une connaissance intuitive, une sagesse
profonde… se distinguent au milieu de la foule: le Ciel leur a
certainement donné le mandat d'être les chefs et les instituteurs
des générations infinies; il les a chargés de la mission de les
gouverner et de les instruire, afin de les faire retourner à la
pureté primitive de leur nature» (p. 545). Ces lignes d'un penseur
du xiie siècle s'appliquent bien à Confucius. De manière fort
vivante, à partir des sources accessibles en français et en
anglais, J. Sancery évoque d'abord le personnage, sans cacher qu'il
est assez vain de vouloir distinguer le Confucius de l'histoire et
la «légende dorée» que des générations de lettrés ont bientôt
tissée autour de lui. Il expose ensuite une quinzaine de thèmes de
ses enseignements: ses sources d'inspiration, la conscience qu'il
avait de sa mission, l'attitude à l'égard du Ciel, les rapports
avec les disciples, les vertus cardinales, les rites et la musique,
les principes de gouvernement… Dans le récit de la vie comme dans
l'exposé des enseignements, l'A. cite un grand nombre de textes et
de documents qui, par-delà Confucius et l'école qui se réclame de
lui, familiarisent le lecteur avec l'univers culturel de la Chine
ancienne. Confucius est volontiers présenté, dans l'univers
chinois, comme «le Prince des maîtres et le Maître des princes».
Retrouvera-t-il, dans l'Occident et le monde du xxie siècle, une
part du rayonnement qui fut le sien dans l'Europe du xviiie? - J.
Scheuer sj