Il en arrive ainsi à se situer par rapport à ce qu'il considère comme les cas les plus géniaux de la philosophie euro-occidentale: Kierkegaard, Heidegger, Wittgenstein. Ainsi naît son écrit Contre la religion. Qu'y enseigne-t-il? Pour l'A., l'instinct religieux est inné en l'homme, mais il représente une fonction de son expérience naturelle. (Or l'événement de l'Église s'autodétermine aux antipodes de la religiosité naturelle.) Mais l'événement de l'Église peut aussi devenir religion, s'aliéner dans une religiosité déterminée par les besoins de la nature. Peut-être même sans que soient supprimées quelques caractéristiques visibles extérieurement de la particularité chrétienne.
Si le christianisme n'est pas une religion, c'est qu'il est un nouveau mode d'existence dans la communion. Or l'instinct religieux a toujours cherché à en faire une institution religieuse: la foi y devient alors une idéologie, l'expérience du salut un fait psychologique, le salut à son tour un mérite individuel, l'eucharistie un rite sacré, l'art esclave des impressions; la paroisse est éclipsée, la tradition idolâtrée, la sexualité diabolisée. Quelle réforme, quelle conversion pourraient donner à l'Église de redevenir l'actualisation de la nouveauté chrétienne, lamanifestation dans l'histoire de l'appartenance à Dieu, une expérience infinie de liberté dans une communion d'amour inépuisable?
J'en resterai là quant à l'évocation du texte. J'avoue avoir été étonné de la reproduction en couverture du tableau de Max Ernst se proposant comme une évocation de la«Vierge châtiant l'enfant Jésus».- S. Decloux sj