Le titre est un paradoxe, qui attend des explications. L'A.,
pasteur protestant, dont le livre a été vendu a plus de 40000
exemplaires aux Pays-Bas, s'y emploie dans ses deux premiers
chapitres: 1. Dieu n'existe pas, 2. Croire après la virgule. L'A.
en tire les conséquences pour lui-même et l'Église. L'ensemble a
les allures d'un «manifeste», le ton est rugueux, l'humour parfois
méchant, les arguments un peu courts alors que par ailleurs, tout
en prétendant à une certaine ouverture, le propos force à la
démonstration. Quel en est le fer de lance? Au commencement, les
hébreux ont fait l'expérience que quelque chose les accompagnait
(relecture de Ex 3: «je serai avec toi») tout au long de leur
route. Ce «quelque chose» a été dénommé Dieu «qui s'est vu affubler
de tant d'oripeaux païens, d'une telle dose de toute-puissance, que
presque rien n'en a subsisté» (p. 172). Cependant l'A. ne se dit
pas athée. Certes, «il est apparu clairement qu'il n'y avait
personne en dessous. Mais entre personne et rien, il reste une
marge». Bref, le mot de Dieu renvoie à une expérience humaine
inexprimable et non pas à l'Être. Toute la métaphysique est une
invention «moyenâgeuse» (cette période de l'histoire étant
d'ailleurs disqualifiée en bloc!). Le «croire» se trouve redéfini
comme l'attitude devant la vie appelée «dépendance mature», en tant
que prise de conscience que «ce qui est vraiment important pour
nous, nous est donné» (p. 114). On sent un homme déçu par son
église qu'il trouve en décalage (dans son langage ou sa liturgie)
par rapport au questionnement contemporain. Mais si certaines
questions sont pertinentes, si l'analyse du rapport à l'existence
est pleine de bon sens, le propos général est peu qualifié
théologiquement et ne porte guère à l'espérance. - S. Dehorter