Cultura cattolica rosminiana tra '800 e '900

P. Zovatto
Philosophie - Recenseur : A. Pighin
Vatican II a rétabli une certaine liberté de recherche dans l'Église, ce qui a débloqué les études catholiques sur Rosmini (1797-1855). Ce prêtre du Trentin écrivait après le Siècle des Lumières et la Révolution française et voulut répondre à toutes les questions posées à leur suite. Il fonda son système de pensée sur la justice et la charité, mais sa condamnation en 1888, basée principalement sur deux livres posthumes, empêcha d'exploiter ses idées à fond dans l'Église. Ses principaux adversaires furent les jésuites de la Civiltà cattolica et des néothomistes qui l'accusaient d'être trop kantien. Sa pensée fut alors quasi monopolisée par un disciple, Gentile, penseur idéaliste et fasciste. Aujourd'hui la majorité des penseurs italiens s'est ralliée à lui à la suite de Sciacca. On a ainsi redécouvert un Rosmini très orthodoxe mais assez platonisant. L'Institut de la Charité, congrégation fondée par lui, ne fut jamais inquiété et des études récentes soulignent le caractère assez bénin des condamnations romaines contre ce penseur audacieux, estimé de Pie IX.
Dans ces 25 études, P. Zovatto montre comment cet écrivain original fut au centre de la pensée italienne du XIXe s. et il n'hésite pas à comparer sa pensée à celles de Suarez, Malebranche, Wolff ou Vico pour sa recherche d'une Somme en accord avec la pensée classique et celle de son temps. La philosophie catholique italienne était alors très éclectique, dans la ligne de Condillac, Cousin et des néothomistes décadents. Rosmini essaya de faire pour son temps la même révolution que saint Thomas au XIIIe s. pour sortir la scolastique de son formalisme et affronter la pensée d'Aristote. Notons qu'à partir de 1906 la Rivista Rosminiana fut tolérée par l'Église et commença à répandre sa pensée.
Les études de Zovatto révèlent une oeuvre immense, la personnalité du penseur, ses relations avec les grands personnages de son temps et avec la Révolution française, l'Église, la philosophie, le droit, la charité, l'ontologie et l'épistémologie. En parlant de lui de façon positive, l'encyclique Fides et ratio (1998, n. 74) l'a libéré de tout soupçon d'hétérodoxie. Sa pensée apparaît encore très actuelle par son souci de l'unité du savoir. Mais, à cause de l'immensité de son oeuvre, on attend encore une grande biographie synthétique et critique. Ce livre est un premier pas dans cette direction. Pour rendre plus de service, l'abondante bibliographie a été divisée en 11 sections classées selon l'ordre chronologique. - A. Pighin.

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