Der Richter und seine Ankläger. Eine narratologische Untersuchung der Rechtsstreit – und Prozessmotivik im Johannesevangelium

Benjamin Lange
Écriture Sainte - Recenseur : Gonzague de Longcamp c.s.j.

Le présent ouvrage est le fruit d’une thèse de doctorat soutenue devant la faculté de théologie évangélique de Siegen. L’importance de la thématique juridique dans le 4e évangile a été relevée dans de nombreux commentaires depuis longtemps. Si l’évangéliste ne mentionne pas de comparution devant les juifs, c’est qu’un procès a été intenté à Jésus depuis le chapitre 5. Pourtant, le motif du procès n’avait pas encore fait l’objet d’une monographie approfondie.

Le titre de cette étude met, dès l’abord, le lecteur devant un paradoxe : Jésus, bien qu’étant accusé, se trouve en position de juge. Et il ne s’agit pas tant d’un renversement qui interviendrait à une certaine étape du développement narratif. Benjamin Lange s’attache à montrer que le texte tisse ensemble les deux fils tout au long des pages : Jésus, d’accusé, devient accusateur.

L’affirmation pourrait être un peu simpliste si elle n’était sous-tendue par une étude à la fois précise et subtile. Après un état des lieux cherchant à établir les enjeux de son travail (chap. 1) et une étude du motif juridique dans la littérature gréco-romaine et vétérotestamentaire (chap. 2), l’A. s’attache à montrer comment la représentation d’un procès (Prozessdarstellung) constitue un thème majeur de l’évangile johannique (chap. 3).

Pour ce faire, l’A. croise une lecture narrative avec une analyse métaphorique. Ce qui est d’autant plus pertinent que la trame narrative sert en permanence non seulement le projet théologique de l’évangéliste, mais son but qui est d’interpeller son lecteur pour le conduire à croire au Christ (cf. 20,31). Il montre ainsi comment les éléments du procès que les juifs intentent à Jésus et dont le peuple est spectateur se doublent en permanence du procès intenté au monde, dont Jésus est le juge et le lecteur, le spectateur. On ne peut pas dire pour autant que la trame narrative de l’évangile soit le calque parfait d’un procès. Ce qu’auraient tendance à induire les affirmations un peu rapides de certains commentaires.

Pour appuyer son propos, l’A. analyse le procès de Jésus comme tel en Jn 18–19 pour montrer l’ensemble des renvois et allusions intratextuels à Jn 1–12. Poursuivant alors son propos, il montre comment le « livre des signes » est la présentation narrative d’un procès qui s’achève non pas tant sur la condamnation de Jésus à mort (cf. 11,47-52), que sur le jugement sans appel de Jésus au sujet de l’incrédulité des juifs (12,44-50).

Le propos de Lange est d’autant plus pertinent qu’il respecte le texte et ne cherche pas à le faire parler de manière univoque. Il fait ainsi plusieurs fois allusion à la portée révélatrice du « procès » présentée dans l’évangile. On peut d’ailleurs regretter que cette ligne n’ait pas été poursuivie avec plus d’acuité. Il serait particulièrement fructueux de voir comment les éléments du déploiement narratif du procès permettent de croiser deux champs sémantiques : celui de la connaissance et celui du droit. Si le procès est inséré à ce point dans la trame narrative du texte, il poursuit bien le même but que l’ensemble de l’évangile : témoigner de Jésus pour que le lecteur croie et qu’en croyant, il ait la vie en son nom (cf. 20,31).

L’idée de renversement permanent des rôles où Jésus, d’accusé, se trouve en position de juge est particulièrement pertinente. À ce sujet, on peut regretter que l’A. n’aborde pas du tout les discours d’adieu et le rôle que peut jouer l’Esprit Paraclet dans ce renversement et la condamnation du monde. — G. de Longcamp c.s.j.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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