Déjà connu notamment pour son Encyclopédie des phénomènes extraordinaires dans la vie mystique (2015) et plus récemment pour son livre sur Fatima, Joachim Bouflet nous dresse un tableau des épiphanies mariales, reconnues ou non, à travers les âges et le monde. Ce dictionnaire n’aborde pas les récits par ordre alphabétique ou chronologique (bien qu’il suive une chronologie générale), mais par thèmes, ce qui en rend l’usage peu aisé. Il commence par les treize apparitions reconnues canoniquement ; de N.-D. du Laus à San Nicolàs en Argentine. Il poursuit avec dix apparitions « prétendument reconnues », où sont regroupées sans homogénéité des apparitions n’ayant jamais fait l’objet d’un jugement canonique, mais étant néanmoins entrées dans la dévotion de l’Église universelle (p. ex. Notre-Dame de Guadalupe, la médaille miraculeuse ou Pellevoisin), des apparitions pour lesquelles la non-surnaturalité a finalement été déclarée (dont Lipa aux Philippines), et une apparition qui, en fait, n’est pas une mariophanie puisque les phénomènes surnaturels portent sur une statue de la Vierge (Akita). Il est ensuite question des « mariophanies du premier millénaire », qui connaissent un déclin dans l’Empire byzantin avec la crise iconoclaste du ix^e siècle, et un nouvel essor, en revanche, dans la chrétienté occidentale où leur caractère public et communautaire se déploiera. Les apparitions du second millénaire sont abordées thématiquement : on y découvre Marie, « Reine de France » ; « annonciatrice du règne de Dieu », « salut des infirmes » ; « victorieuse du démon » ; « maîtresse des éléments » ; « messagère de la Parole de Dieu et de l’eucharistie » ; « protectrice des croyants » ; indiquant « la route » aux égarés, la « Vierge de la Passion » montre le chemin de la croix. L’A. constate ensuite que, « dans plusieurs mariophanies depuis celle d’Amsterdam, toutes désapprouvées par l’autorité ecclésiastique (…), la Vierge Marie se qualifie de Corédemptrice », soulignant avec intérêt la réticence du magistère à l’égard de ce titre. Il explore ensuite quelques dérives apocalyptiques ou sectaires (dont Garabandal, Bayside, les apparitions à Gilles Bouhours), avant d’aborder judicieusement le cas de Medjugorje et de son rayonnement. « En guise de conclusion », l’A. explore « les mariophanies du troisième millénaire », et l’on est surpris d’en découvrir autant, la plupart ayant déjà reçu un jugement négatif. Le choix de l’A., qui consiste à dégager des traits mariophaniques, toutes apparitions confondues (reconnues vraies ou fausses ou en attente de jugement), est déconcertant et rend la recherche laborieuse, mais l’index des noms de voyants et celui des lieux d’apparitions mariales permet de pallier la difficulté. Cet ouvrage est remarquable par l’ampleur des travaux dont il est le fruit, l’analyse historiographique qui en est faite, et son souci du discernement de l’Église en la matière. — M.-G. Lemaire