Dans les décennies passées, l’exégèse de l’Écriture sainte, surtout dans le monde francophone, a été dominée par l’étude synchronique des livres bibliques : les analyses narrative et rhétorique, structurelle, etc. Dans ce processus, l’exégèse historico-critique passait à l’arrière-plan. Mais surtout dans le monde anglo-saxon, l’exégèse continuait à porter attention à l’arrière-fond historique des textes bibliques. Les articles rassemblés dans ce livre de K. Backhaus, prof. d’exégèse du NT à Munich et membre de la Commission Biblique Pontificale, comprennent le livre des Actes des Apôtres à la lumière de la littérature hellénistique et romaine des premiers siècles après le Christ. C’est un fait souvent ignoré dans la recherche exégétique, les Actes – en tant qu’œuvre historiographique – montrent des traits de cette littérature. Ce qui lui importe, c’est moins la description « exacte » des faits rapportés que l’élucidation de leur sens sous-jacent. À cette fin, cette description est souvent enrichie de fiction. Fait et fiction ne se laissent donc pas séparer nettement, mais on peut néanmoins supposer que dans la reconstruction du passé, l’auteur des Actes se laissait guider par les traditions dont il disposait, transmettant ce qui, selon elles, s’était produit. Le livre date du premier tiers du ii^e s. et doit assurer la communauté chrétienne d’alors de son identité dans un milieu étranger, multireligieux : de ce que son chemin est conduit par Dieu, de ses racines dans le passé ancien du judaïsme biblique et du lien avec son auteur, Jésus. L’ouvrage de Backhaus rend le lecteur conscient de l’insuffisance d’une approche purement synchronique et immanente des écrits néotestamentaires. On est heureux d’apprendre que l’A. publiera bientôt un commentaire des Actes. — R. Jahae