Dieu dans l’Église en crise. Réflexion sur un grand mystère

Augustin Pic
Théologie - Recenseur : Pascal Ide

Enseignant en spiritualité à la Faculté de théologie à l’Université catholique de l’Ouest, Augustin Pic écrit ici un ouvrage de théologie dogmatique en réponse à la crise profonde que traverse l’Église et qui touche jusqu’au Magistère (chap. 1). En effet, cette crise tient au fond à une perte de l’identité de Dieu : p. ex., certains théologiens dénient la connaissance divine des futuribles (p. 58s) ou affirment que Dieu aurait besoin de nous (p. 67). La raison de fond en est une déconnexion entre, d’un côté, l’amour fou et miséricordieux de Dieu et, de l’autre, ce que la Révélation nous apprend de sa transcendance – ce qui conduit à une déconnexion de la morale et de la pastorale d’avec la dogmatique, donc du bien et du vrai, et à une relativisation de la loi divine. En réponse, le dominicain met en lumière « l’entière absoluité de l’absolu divin » (p. 65). Pour le montrer, il analyse l’être de Dieu et son amour (chap. 2), l’économie de la création, en sa gratuite donation (chap. 3 et 4) et en sa tout aussi gratuite finalité (chap. 5), enfin, la créature en sa contingence (chap. 6), redoublée par le mal du péché appelant la miséricorde (chap. 7) et ouvrant à la question des fins dernières (chap. 8).

Ces développements donnent l’occasion d’heureuses mises au point par exemple sur le fameux « propter seipsam » attribué à l’homme par Gaudium et spes 24, § 3, qui ne rentre pas en concurrence avec la doctrine traditionnelle sur la création voulue par Dieu « propter Seipsum » (p. 143-166). Le rappel de la doctrine sur l’omniscience, la puissance et la liberté de Dieu est salutaire. Le lecteur s’étonnera de cette manie de citer la Vulgate en latin – ce qui expose d’ailleurs à des erreurs, le « nimiam » surinterprétant le pollèn d’Ep 2,4 (p. 247). Il peinera à lire ces très longues phrases et ce style parfois ampoulé (où se trouve la simplicité du verbe du divus Thomas partout convoqué ?). Surtout, il sera peiné par la lassante ironie et par les nombreuses critiques ou mises en question de l’autorité magistérielle, autant du dernier concile que de Paul vi, Jean-Paul ii, Benoît xvi et François, selon une conception minimaliste de l’obéissance, qui semble ignorer l’enseignement du motu proprio Ad tuendam fidem, et qui, paradoxalement, rend l’A. très proche du progressisme qu’il pourfend à chaque page. — P. Ide

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