Dieu et la raison. L'intelligence de la foi parmi les rationalités contemporaines

(éds) Fr. Bousquet (éds) Christoph Theobald
Les prof. Capelle et Bousquet, de l'Institut Catholique de Paris, ont organisé un colloque en mars 2004 sur le thème énoncé par le titre de l'ouvrage. L'encyclique Fides et ratio pourrait faire penser à un lecteur distrait ou trop superficiel que chacun de ces termes est univoque. Ce n'est certainement pas le cas du mot «raison». Voilà ce que le colloque met en évidence. Après une introduction de Jean Ladrière, pour qui les actes de la foi et ceux de la recherche rationnelle convergent car chacun est ouvert à un au-delà à venir mais déjà engagé dans leur effectuation respective, la première partie du livre s'attache à la question de la pluralité des rationalités contemporaines. Cette pluralité est illustrée par Jean Greisch (qui, s'inspirant entre autres d'Éric Weil, insiste sur la non adéquation immédiate de l'attitude rationnelle et de l'usage de la raison) et Christoph Theobald (l'étude historique montre que la raison théologique n'a pas toujours été identique). Michel Simon traite des sciences dites «cognitives» (qui présentent un nouveau défi pour la raison), et Olivier Mongin, de la mondialisation (où la raison trouve une figure de son essence).
La deuxième partie du livre, «Philosophie devant le croire chrétien», propose des articles de Jacques Bouveresse (toute foi pousse à montrer ses raisons et à se vérifier pour affirmer le succès de son pari), Philippe Capelle (qui dresse une liste des différentes rationalités contemporaines), Jocelyn Benoist (dont l'athéisme ne peut pas être interprété simplement comme un témoignage négatif à Dieu, comme le pensent trop facilement de nombreux auteurs chrétiens, dont Marion), Jean-Luc Marion (un long et bel article qui reprend le dossier qui s'est créé autour de sa catégorie de «saturation»). Après la philosophie, la théologie. Georges Cottier s'interroge sur ce que devrait être la «scientificité de la théologie»; Denis Müller reprend la question de l'écoute de la tradition dans la réflexion théologique; Henry-Jérôme Gagey parcourt le champ de la philosophie pratique (qui n'est pas simplement la pastorale immédiate).
Au début de la dernière partie de l'ouvrage («La foi, ses savoirs et sa rationalité»), Vincent Holzer met en exergue quelques débats en théologie catholique contemporaine (en critiquant par exemple la phénoménologie de Marion qui n'aurait pas saisi l'importance de la tradition interprétative en tant que moment intrinsèque à la «théologie révélée»). Pierre Gisel insiste ensuite sur l'aspect d'altérité et d'«excès» de Dieu. François Bousquet se demande enfin «ce qu'il advient à la pensée avec le Christ». Mgr. Doré conclut tout l'ouvrage, dont on ne peut que suggérer la lecture et l'étude; les points touchés ici par des maîtres excellents sont d'une importance décisive pour l'intelligence contemporaine de la foi. - P. Gilbert sj

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