Un titre, inadéquat mais racoleur, à l'intention de la foule que s'est pressée, le 22 mai 2002, dans la cathédrale de Rouen, pour assister à une joute courtoise entre Ph.C, doyen de la faculté de philosophie à l'Institut catholique de Paris et ACS, philosophe et écrivain. Ce dernier se présente non pas comme un agnostique neutre et indifférent, mais comme un athée fidèle (de la fidélité qui survit dans les décombres d'une foi perdue), ni dogmatique ni prosélyte: je ne sais pas si Dieu existe, mais je n'y crois pas. Il énumère quelques arguments classiques qui le convainquent de ne pas croire en Dieu, et de croire qu'il n'existe pas. Il y a d'abord, nous dit-il, la faiblesse de nos preuves traditionnelles (la preuve cosmologique a contingentia mundi est la seule qui parfois le fasse vaciller) et de nos expériences: «si Dieu existait, cela devrait se voir ou se sentir davantage!»
Il y a ensuite l'excès du mal: dans notre monde, nécessairement imparfait (s'il ne l'était pas, il serait Dieu), un certain mal est admissible: un débordement de la Seine, oui; un tsunami, non. Puis il y a la médiocrité de l'homme: «Dieu créa l'homme à son image: cela ferait douter de l'original!… Plus je me connais moi-même, moins je puis croire en notre origine divine. Et, plus je connais les autres, moins ça s'arrange». Il y a enfin ceci: le fait même que Dieu corresponde tellement bien à nos désirs suggère qu'il a été inventé pour cela: c'est une illusion!… Ph.C., qui se dit lui-même athée d'un certain nombre d'images de Dieu, relève d'autres objections: liberté humaine versus Providence divine; les progrès scientifiques qui rendent la religion obsolète; la foi en Dieu comme produit d'un héritage culturel; le Dieu de la religion, une forme parmi d'autres de la recherche universelle de transcendance. Dans sa défense du «Dieu vivant» nous avons glané quelques phrases-clés: Dieu est d'autant plus transcendant qu'il participe à l'immanence du monde; ne désolidarisons pas la foi et la connaissance; croire, ce n'est pas imaginer savoir. Le critère ultime de la foi est éthique. Et ACS de conclure: La question nous rapproche davantage que les réponses ne nous opposent. - P. Detienne sj

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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