« L’éternité, c’est long, surtout vers la fin », affirmait Woody Allen. Au-delà de la boutade souriante, quelle place donner à l’éternité pour un chrétien alors même qu’un article du Credo dit « je crois à la vie éternelle » et que Dieu est vu comme l’Éternel ? Cela peut nous sembler parfois un peu lointain, voire totalement désincarné : tout l’enjeu de ce livre est de montrer au contraire, et avec bonheur, en quoi l’éternité nous concerne dès à présent.

Denis Biju-Duval procède d’abord à une approche progressive de l’éternité, l’envisageant sous les angles philosophique et temporel, dans une réflexion émaillée de nombreuses références, avec l’incroyable nouveauté chrétienne d’un Dieu faisant irruption dans notre histoire et qui concerne définitivement notre aujourd’hui. C’est pour cela que l’A. envisage ensuite les domaines touchés par l’éternité – c’est-à-dire tous –, mettant au cœur « l’incarnation rédemptrice » : celle-ci a notamment pour conséquence de nous inviter à sortir de l’individualisme et à entrer en communion avec l’autre, spécialement en Église et par les sacrements, d’une manière très concrète, vers le « jugement » puis « l’éternité bienheureuse » à laquelle nous sommes appelés. Comment ? Par l’amour « parce que l’amour vrai, le don de soi authentique, est déjà secrètement porteur de cette éternité que le ciel déploiera définitivement » (p. 131).

J’apporterais néanmoins un bémol à ce beau panorama sur le plan œcuménique, car il me semble que la vision protestante – notamment sur le plan de l’importance des sacrements –, souvent plurielle, est traitée de manière trop peu nuancée : il n’est pas nécessaire d’opposer autant les conceptions des un et des autres. Un ouvrage cependant riche pour mettre une saveur d’éternité là où nous sommes. — I. P.d.l.G.