Beaucoup de penseurs contemporains ont écarté la réflexion sur Dieu, car ils craignent que celle-ci vienne bloquer leur recherche en un principe qui, établi en soi ou posé comme une 'substance' réelle, constituerait une réponse qui montrerait la vanité de leur recherche; si en effet une réponse épuise adéquatement la question de Dieu, pourquoi passer son temps génération après génération à la poser encore? L'originalité de l'A. est de montrer que, justement, la force transcendantale de la réflexion implique un mode original de questionnement; à ce questionnement portant sur le 'tout', aucune réponse, toujours particulière, ne pourra prétendre donner une solution logiquement définitive. Cette position est particulièrement manifeste dans le bref commentaire d'Anselme de Cantorbéry: «en tant que preuve, l'argument d'Anselme demeure discutable» (p. 136); mais si on le prend autrement que comme une 'preuve', d'une façon plus digne de ce qui dépasse en réalité toute logique, qu'en adviendra-t-il? Toute l'histoire de la pensée est ainsi parcourue, depuis les Grecs jusqu'aujourd'hui. On pourra certes se lamenter de quelques raccourcis; sept lignes par exemple pour Blondel, pourtant «l'un des philosophes catholiques les plus significatifs de l'époque moderne» (p. 354); le parcours est malgré cela fort impressionnant. Les pages finales, proprement spéculatives, se coulent parfaitement dans la perspective transcendantale; elles soutiennent l'idée que le fini n'est pensable comme tel que si l'infini y est reconnu déjà à la manière analogique d'un inconditionné. L'oeuvre est destinée à un public de «culture moyenne», prévient l'A. (p. 11), mais quand même déjà sérieusement formé à la philosophie. - P. Gilbert sj
Beaucoup de penseurs contemporains ont écarté la réflexion sur Dieu, car ils craignent que celle-ci vienne bloquer leur recherche en un principe qui, établi en soi ou posé comme une 'substance' réelle, constituerait une réponse qui montrerait la vanité de leur recherche; si en effet une réponse épuise adéquatement la question de Dieu, pourquoi passer son temps génération après génération à la poser encore? L'originalité de l'A. est de montrer que, justement, la force transcendantale de la réflexion implique un mode original de questionnement; à ce questionnement portant sur le 'tout', aucune réponse, toujours particulière, ne pourra prétendre donner une solution logiquement définitive. Cette position est particulièrement manifeste dans le bref commentaire d'Anselme de Cantorbéry: «en tant que preuve, l'argument d'Anselme demeure discutable» (p. 136); mais si on le prend autrement que comme une 'preuve', d'une façon plus digne de ce qui dépasse en réalité toute logique, qu'en adviendra-t-il? Toute l'histoire de la pensée est ainsi parcourue, depuis les Grecs jusqu'aujourd'hui. On pourra certes se lamenter de quelques raccourcis; sept lignes par exemple pour Blondel, pourtant «l'un des philosophes catholiques les plus significatifs de l'époque moderne» (p. 354); le parcours est malgré cela fort impressionnant. Les pages finales, proprement spéculatives, se coulent parfaitement dans la perspective transcendantale; elles soutiennent l'idée que le fini n'est pensable comme tel que si l'infini y est reconnu déjà à la manière analogique d'un inconditionné. L'oeuvre est destinée à un public de «culture moyenne», prévient l'A. (p. 11), mais quand même déjà sérieusement formé à la philosophie. - P. Gilbert sj