Dio nel pensiero filosofico, tr. A. Aguti, éd. S. Zucal

E. Coreth
L'ouvrage, paru en allemand en 2001, parcourt toute l'histoire de la philosophie pour examiner comment y a été proposée la problématique de 'Dieu'. L'auteur, qui se situe dans la tradition 'maréchalienne', a écrit il y a déjà bien longtemps une métaphysique de très haute qualité, qu'a suivie une anthropologie argumentée avec une finesse et une puissance transcendantale difficilement égalables; il est également l'auteur et l'éditeur de nombreux textes qui touchent les problématiques considérées ici. Le livre est moins spéculatif qu'historique, encore qu'à la fin soient proposées une soixantaine de pages de réflexion personnelle sur le thème «L'homme et Dieu».
Beaucoup de penseurs contemporains ont écarté la réflexion sur Dieu, car ils craignent que celle-ci vienne bloquer leur recherche en un principe qui, établi en soi ou posé comme une 'substance' réelle, constituerait une réponse qui montrerait la vanité de leur recherche; si en effet une réponse épuise adéquatement la question de Dieu, pourquoi passer son temps génération après génération à la poser encore? L'originalité de l'A. est de montrer que, justement, la force transcendantale de la réflexion implique un mode original de questionnement; à ce questionnement portant sur le 'tout', aucune réponse, toujours particulière, ne pourra prétendre donner une solution logiquement définitive. Cette position est particulièrement manifeste dans le bref commentaire d'Anselme de Cantorbéry: «en tant que preuve, l'argument d'Anselme demeure discutable» (p. 136); mais si on le prend autrement que comme une 'preuve', d'une façon plus digne de ce qui dépasse en réalité toute logique, qu'en adviendra-t-il? Toute l'histoire de la pensée est ainsi parcourue, depuis les Grecs jusqu'aujourd'hui. On pourra certes se lamenter de quelques raccourcis; sept lignes par exemple pour Blondel, pourtant «l'un des philosophes catholiques les plus significatifs de l'époque moderne» (p. 354); le parcours est malgré cela fort impressionnant. Les pages finales, proprement spéculatives, se coulent parfaitement dans la perspective transcendantale; elles soutiennent l'idée que le fini n'est pensable comme tel que si l'infini y est reconnu déjà à la manière analogique d'un inconditionné. L'oeuvre est destinée à un public de «culture moyenne», prévient l'A. (p. 11), mais quand même déjà sérieusement formé à la philosophie. - P. Gilbert sj

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