L'A. de cet essai est professeur de philosophie à l'Univ. de Milan
Bicocca. Il a publié nombre d'ouvrages sur l'herméneutique, Dieu et
l'expérience de la souffrance, la liberté et le mal, le nihilisme.
Il est bien placé pour nous parler de deux types de destins humains
tragiques. C'est d'abord OEdipe, repris à la mythologie grecque,
mis en scène par Sophocle, dont l'oracle avait prédit qu'il tuerait
son père et épouserait sa mère. C'est Job ensuite, dont le livre se
trouve dans la Bible: un juste comblé perdant en un jour ses
enfants et ses biens, puis sa santé, et qui s'en prend à Dieu qui
l'a meurtri.L'A. analyse le sort de ces deux héros. Il souligne la
contradiction du récit d'OEdipe, coupable d'un double méfait commis
involontairement. Ayant examiné la vérité du mythe, il dévoile la
tragédie de ce monde situé entre nature et guerre, et il en dénonce
le caractère ambigu, en se référant à Heidegger. Quel sens a la
décision de l'homme et quelle est la portée de sa responsabilité?
Venant à Job, il le situe au coeur d'un immense paradoxe: quelle
est la part de Dieu dans la souffrance humaine? Comment permet-il
qu'un juste soit frappé de la sorte? Est-ce pour rien que l'homme
craint Dieu quand il est comblé? Or le héros biblique conserve sa
foi dans le Seigneur et il accepte son malheur, mais c'est une foi
dure, révoltée qui demande des comptes et qui ne rend les armes
qu'après avoir vu Dieu présent en sa tempête.
Une faute involontaire, une souffrance d'innocent: différence entre
tragédie et mystère. Un monde où frappe le destin ou un destin
malheureux dont Dieu sauve: telles sont les deux images que l'A.
développe en moins de cent pages. Une analyse rapide, mais bien
troussée, qui donne à mesurer notre fragilité humaine. - J.
Radermakers sj