Bienheureux celui qui ne fulmine jamais d’impatience, que cela soit bloqué dans les embouteillages, dans une file d’attente qui s’allonge ou contre lui-même ! Il est surtout bien rare celui qui sait « prendre patience »… mais au fait, pourquoi nous impatientons-nous ? C’est l’objet de la première partie de ce livre qui se veut tout entier vigoureux encouragement à la vertu de patience.

Ludovic Frère interroge ainsi nos fuites quotidiennes de ces moments plus creux en les reliant aussi bien à notre crainte de la mort qu’à notre conception toujours trop égocentrique de la vie, rejaillissant sur notre difficulté à supporter les autres. Si le diagnostic porte juste, l’ouvrage ne propose pas de redresser d’un coup la barre, ce qui resterait désir trop volontariste – impatient ? – mais de considérer honnêtement nos désirs et nos esquives face à l’attente. Pour donner de la profondeur à cela, c’est à la contemplation du Dieu patient de la Bible que l’A. nous invite ensuite dans un panorama partant du Dieu de l’alliance et de son peuple « à la nuque raide » jusqu’à notre aujourd’hui : « Cette patience pour laisser l’Évangile travailler le monde et pour attendre le retour du Christ devient pour les chrétiens le principe à appliquer dans toute situation de vie : préférer la récolte au bon moment plutôt que hâter les choses au risque de les abîmer » (p. 70). De plus, chaque moment pour un chrétien est à considérer comme un kaïros où rencontrer Dieu ; c’est la raison pour laquelle l’ouvrage se termine par des pistes de « remèdes » contre nos impatiences et, surtout, par une invitation à « faire l’huître » : non pour se couper du monde mais pour laisser les grains de sable du quotidien grandir patiemment en autant de perles de grande valeur. — I. Payen de La Garanderie o.v.