Emmanuel Mounier. 1. Genèse de la personne; 2. Le lieu de la personne

G. Lurol
Philosophie - Recenseur : Bruno Clarot s.j.
Ce livre reprend en deux tomes avec quelques arrangements mineurs l'ouvrage paru aux Éditions Universitaires en 1990. Il étudie la formation de Mounier jusqu'à la fondation de la revue Esprit en 1932 pour promouvoir le personnalisme. Professeur de philosophie, G. Lurol est spécialiste de Mounier (1905-1950). Celui-ci fut élève de J. Chevalier à Grenoble, pour lequel la métaphysique doit aboutir à une morale. Orienté par son professeur, l'étudiant part pour Paris et continue la philosophie. Avec le Père Pouget, il étudie aussi la Bible en compagnie de Guitton. Il découvre Maine de Biran, Bergson et surtout Péguy qui lui redonne le goût de l'espérance et du concret pour «penser sa vie et vivre sa pensée». Agrégé de philosophie, Il songe à consacrer sa thèse à Péguy pour édifier la morale dont beaucoup sentaient le besoin en 1928. Sa thèse n'aboutira pas faute d'argent, mais cette étude lui fera connaître Maritain, ami de Péguy, et préparera la revue Esprit. Baruzi lui déconseille l'étude d'un mystique espagnol et l'oriente vers la philosophie de la personnalité d'où sortira en 1946 le Traité du caractère qui fut achevé dans les prisons de Pétain. Parallèlement Mounier préparait un livre sur la pensée de Péguy, lequel paraîtra en 1932 dans la collection Le Roseau d'or que dirigeait Maritain.
Arrivé à ce point, Lurol passe en revue les philosophes qui ont le plus influencé Mounier et ce qu'ils ont apporté à sa pensée: Descartes, Pascal, Bergson, Chevalier, le P. Pouget, Péguy, Maritain, Berdiaeff, Scheler. Chacun aide le jeune philosophe à approfondir un aspect du personnalisme et de son rapport à la communauté en opposition avec l'individualisme régnant ou les totalitarismes fasciste et marxiste. Mounier a son intuition sur la personne et la confronte à ces philosophes. Scheler l'éclaire sur les rapports entre personne et communauté, Maritain sur la distinction entre personne et individu, Berdiaeff sur un personnalisme créatif et existentiel. En 1930, Mounier décide de quitter l'Université pour bâtir une révolution personnaliste et communautaire.
En 1929, Guitton lui avait fait découvrir les Davidées, enseignantes catholiques de l'école officielle, et leur revue, qui voulaient donner un témoignage d'amour dans l'école laïque. Il accepte d'écrire pour elles un article presque chaque mois, ce qui lui offre l'occasion de préciser ses idées et d'admirer l'organisation souple, légère, efficace de ce mouvement qui deviendra en 1942 «les Équipes enseignantes». En 1930, avec son ami, l'avocat G. Izard, il songe à fonder une revue sur le modèle de celle des Davidées avec également des groupes de réflexion et d'amitié, ouverte à tous les amis du personnalisme. Mounier cherche alors des collaborateurs, des fonds, un imprimeur, un éditeur et prend de l'assurance. La revue paraît en 1932 et, seule de sa génération à survivre, elle tient toujours une place éminente parmi les revues.
Livre fort intéressant qui fait revivre le riche milieu intellectuel catholique des années 1920-32 avec sa diversité et ses luttes d'influence. - B. Clarot, S.J.

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