Sous la signature d'académiques américains ou de collègues
enseignant aux États-Unis, les neuf études de ce recueil proposent,
à partir d'exemples particuliers, des réflexions critiques sur les
frontières sociales (notamment religieuses) et épistémologiques
(grilles classificatoires et paradigmes plus ou moins conscients),
les tentatives pour les franchir ou les transgresser par un
mouvement d'appropriation de l''autre', enfin les résistances
provoquées par ces initiatives. Signalons quelques-unes des
situations examinées: dans un culte régional bengali, une même
figure protectrice est interprétée par les musulmans comme un saint
et par les hindous comme une déesse; les séances de guérison d'un
mouvement charismatique catholique dans le diocèse de Bénarès font
apparaître des frontières mouvantes (notamment entre christianisme
et hindouisme) et diverses pratiques d'appropriation et de
résistance; le développement, dès le xvie siècle, du culte rendu à
François Xavier met en oeuvre et croise les imaginaires indien et
européen; les textes anciens qui mettent en scène la tante et mère
adoptive du Bouddha se prêtent-ils à une lecture féministe? Les
trois derniers chapitres, à partir d'expériences toutes récentes,
illustrent les différences de perception et parfois les conflits
entre l'historien des religions ou l'anthropologue et les
communautés qui sont l'objet de ses recherches et publications.
Chacune de ces études monographiques peut se lire pour elle-même
tout autant que comme contribution à la problématique d'ensemble de
ce volume. La postface, signée par un professeur indien qui
enseigne à Mexico, apporte sur ce dossier un regard critique à
partir d'une position tierce. - Le style nécessairement condensé de
l'introduction explique sans doute quelques confusions: Roberto de
Nobili n'est pas «un jésuite portugais» mais italien (p. 3); les
pêcheurs Paravas n'habitent pas «les côtes de Goa» mais celles de
la pointe méridionale de l'Inde (p. 12). - J. Scheuer sj