Quel est le statut de la vérité - en particulier de la vérité
théologique - dès lors qu'a été reconnue la relativité de tout
phénomène historique, fût-il singulier? Quel rapport possible entre
foi et histoire? C'était déjà, au tournant du xxe siècle, une
interrogation centrale dans l'oeuvre d'E. Troeltsch. Elle se
retrouve, tout près de nous, chez un autre théologien libéral, le
méthodiste nord-américain Robert Neville. L'A. présente
successivement leurs deux contributions et, remontant parfois
jusqu'à Kant et Lessing, les situe dans leurs contextes culturels,
philosophiques et théologiques respectifs, avant de les mettre en
vis-à-vis. De Troeltsch, l'A. étudie surtout la problématique
contenue dans le titre de l'ouvrage célèbre L'Absoluité du
christianisme et l'Histoire de la religion (1902) où il tente de se
frayer une voie entre une orthodoxie qui lui paraît désormais
injustifiable et une théologie libérale qui se réduirait à une
éthique humaniste. Mais comment discerner, dans le relatif, ce qui
peut ou doit être normatif? Bien qu'appartenant à la
Religionsgeschichtliche Schule, Troeltsch ne s'est guère livré à un
travail comparatif sur les religions. Neville, de son côté, analyse
notamment le rôle que jouent les symboles dans la démarche
d'interprétation conduisant à l'adhésion à des valeurs normatives.
L'A. montre à ce propos en quoi cette méthode se rapproche et
cependant se distingue de celles de Tillich d'une part, de Lindbeck
d'autre part. C'est à partir des symboles des diverses religions
que pourrait concrètement se développer une étude 'comparative'
(annoncée dans le titre), en référence notamment à des ouvrages
dont Neville est l'auteur (Behind the Masks of God) ou le directeur
(les trois volumes collectifs du Comparative Religious Ideas
Project). De manière quelque peu mystérieuse, l'analyse de ces
ouvrages, mise au programme du ch. 5 (voir Introduction, p. 8),
semble s'être égarée en cours de route. Il est dommage qu'après 200
pages d'un exposé intéressant sur Troeltsch et Neville, le chapitre
de conclusion s'en trouve déforcé. Une certaine impression de
désordre est renforcée par la présence de nombreuses coquilles et
constructions fautives. De même, l'index est parfois déroutant:
Lindbeck et Tillich, par ex., n'y figurent pas, alors qu'une simple
allusion à Chateaubriand s'y trouve répertoriée. - J. Scheuer sj